En conclusion de la Conférence sociale de juillet 2012, un nouveau diagnostic avait été demandé au Conseil d’orientation des retraites (COR). Rendues publiques le 19 décembre, les projections de ce dernier à l’horizon 2020, 2040 et 2060, offrent des perspectives modifiées par rapport à celles formulées en 2010, car elles intègrent les mesures prises depuis la réforme des retraites :
- relèvement de l’âge de départ,
- évolution de la durée d’assurance requise pour le taux plein,
- retraite à 60 ans sous certaines conditions,
- relèvement programmé de taux de cotisations.
Un besoin de financement moindre en 2020 – Pour bâtir ses hypothèses, le COR a formulé trois scénarii et deux variantes tenant compte de la législation actuelle, d’un taux de chômage moindre que le pic actuel, d’une progression de la productivité du travail, et de la durée d’activité de 41,75 ans instaurée par la réforme de 2003.
Avec un taux de fécondité en progression, de 1,95 enfant par femme, proche du renouvellement des générations, un solde migratoire de 100 000 personnes par an et un gain en espérance de vie d’un trimestre tous les deux ans, le besoin de financement du système de retraite passe de 14 milliards d’euros en 2011, soit 0,7 % de « PIB » (produit intérieur but, ou richesse nationale), à 21,3 milliards d’euros en 2017, soit 1 % de PIB, avec des variantes qui vont de 20,8 à 24,9 milliards en 2020.
« Il y a donc bien un besoin de financement en 2020, mais moins que ce qui apparaissait en 2010 où le besoin était estimé entre 1,8 et 2,1 points de PIB », a souligné Raphael Hadas-Lebel, président du COR, rappelant qu’« une projection n’est pas une prévision ».
Un rapport cotisants/retraités plus favorable – Essentiel pour la survie du système actuel de retraite par répartition, le rapport entre effectifs de cotisants et de retraités serait plus favorable à long terme que celui envisagé précédemment.
Le nombre de cotisants évoluerait ainsi de 25,7 millions en 2011 à 27 millions en 2020 puis entre 27,7 et 28,4 millions selon les hypothèses en 2030, et de 28,8 à 29,5 millions en 2060, alors que le nombre de retraités de droit direct s’échelonnerait de 15,1 millions en 2020 à 21,8 millions en 2060, soit une hausse de 1 % jusqu’en 2035, mais de 0,4 % ensuite.
Le rapport démographique de 1,65 cotisant par retraité serait maintenu jusqu’en 2020, puis passerait à 1,4 en 2040 sous l’effet du papy-boom et à moins de 1,35 en 2060.
Le rapport entre pension moyenne des retraités et revenu moyen des actifs serait plus faible qu’aujourd’hui. L’âge moyen de départ à la retraite serait supérieur de deux ans par rapport à 2011.
L’équilibre reviendrait, selon les hypothèses, à partir de 2040, 2050 ou 2060.
Une condition : l’augmentation de la productivité – « Sur la soutenabilité du système de retraite par répartition, la réponse que nous apportons n’est pas négative. On peut même arriver à des excédents, selon le scénario retenu. Mais l’équilibre à long terme sera très fortement lié à la situation économique et à l’augmentation de la productivité du travail, conditions du succès du système de retraite », a insisté le président du COR, dont le nouveau rapport, évitant tout scénario catastrophe, parie pour le long terme, sur une diminution du chômage et une hausse de la productivité et des salaires.
Auparavant, les besoins de financement seront-ils couverts par de nouvelles augmentations de cotisation ou par d’autres leviers tenant compte de dispositifs de solidarité et mesures d’équité à mettre en place ?
« Nous ne le disons pas. Ce sera aux décideurs de le décider ! » a prévenu le président du COR.
Douzième rapport le 21 janvier – Un douzième rapport, sous forme d’état des lieux plus qualitatif du système de retraite, devrait être livré le 21 janvier 2013.
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