Prévu de longue date, le débat autour de la fonction publique territoriale organisé par le Ville de Sevran tombait à point nommé, le 12 décembre dernier. Le gouvernement Barnier venait de tomber et un nouveau Premier ministre attendait d’être nommé. Objectif de la matinée : 40 ans après la création du statut de la FPT, lutter contre les idées reçues et réfléchir à son avenir. Les semaines et mois qui précédaient avaient justement vu naître des annonces et déclarations inquiétantes pour les défenseurs du statut de la fonction publique.
Sur l’estrade autour d’Anicet Le Pors, conseiller d’État honoraire, ancien ministre de la Fonction publique et des réformes administratives, surnommé le « père du statut », il y avait Stéphane Blanchet, le maire de Sevran, et sa première adjointe Brigitte Bernex ainsi que Xavier Bastard, le directeur général du CIG Petite Couronne d’Île-de-France et Gérard Aschieri, ancien secrétaire général de la FSU et membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Un statut garant de la cohésion sociale
« Pour nous les DRH qui manipulons [le statut] au quotidien, [la posture du gouvernement sortant] soulève des contradictions et montre une méconnaissance totale de la réalité du statut par certains politiques mais aussi par les agents eux -mêmes. C’est aussi pour cela que nous avons mis sur pied ce débat » explique Simon Vienne, le directeur des ressources humaines de la municipalité.
A côté de lui, le maire Stéphane Blanchet (DVG) a un avis bien tranché sur la question ; « S’il n’y a pas de statut il n’y a pas de fonction publique et s’il n’y a pas de de fonction publique, il n’y a pas de service public. Et sans service public il n’y a pas de République ni de cohésion sociale ».
Tout ont tenu à rappeler, comme pour l’inscrire une bonne fois pour toutes dans le marbre, que le statut est inscrit dans une histoire relativement récente et qu’il confère aux agents non pas un privilège mais une responsabilité.
Mauvaises idées
Si le statut peut être assoupli, vouloir à tout prix aligner les fonctionnaires sur le secteur privé s’avère toujours aussi inadapté, selon Gérard Ashieri. S’agissant par exemple de l’idée de passer à trois jours de carence dans la fonction publique en cas d’arrêt maladie ordinaire, il a rappelé que « 70% des salariés du privé n’avaient pas de jour de carence car ceux-ci sont en réalité pris en charge par le biais de la prévoyance de leur entreprise ».
Xavier Bastard, le directeur général du Centre interdépartemental de gestion de la Petite Couronne (Île-de-France), a en outre souligné le caractère malvenu de parler des agents en termes de coût et de nombre à réduire. Ce serait tout bonnement oublier qu’avec le vieillissement de la population, « les besoins augmentent et le rôle d’amortisseur social de la fonction publique territoriale a largement été démontré lors de la crise sanitaire ».
« Contre l’annualité budgétaire »
Pour Anicet Le Pors, « il faut prendre le contre-pied de la loi [Dussopt] de 2019 visant à aligner le public sur le privé et à augmenter les contractuels. L’efficacité sociale ce n’est pas un retour sur investissement ! ». Pour l’ancien ministre, il est surtout primordial de revoir les grilles indiciaires.
La Territoriale subit, d’après lui, la crise de la société. Aussi Anicet Le Pors déclare « ne pas être impressionné par le débat actuel ». « J’ai plutôt envie de mettre l’accent sur les choses qui relèvent de l’histoire et non de la conjoncture. C’est pour cela que je suis contre l’annualité budgétaire, ce n’est pas d’une année sur l’autre qu’on gère la Fonction Publique, on la gère à 15 ou 20 ans».
L’ancien ministre a par ailleurs la dent dure envers les syndicats. « Ce qui m’énerve le plus, ce sont les syndicalistes qui passent leur temps à broyer du noir. Ils ne font pas leur boulot. J’ai connu une époque où les syndicalistes étaient les meilleurs professionnels de leurs administrations. Ils ne sont aujourd’hui pas à la hauteur des enjeux. »
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