Ludovic Viévard, docteur en philosophie, a co-fondé en 2008, l’agence de sciences sociales appliquées FRV100. Il contribue au blog Ville inclusive de la Métropole de Lyon en tant qu’expert auprès de la direction de la prospective et du dialogue public.
Lors des journées des 19-21 juin de l’Association nationale des cadres territoriaux de santé, il a apporté son regard sur « l’universalisme proportionné », un concept qui commence à émerger en France.
Menant un travail de philosophie appliquée, Ludovic Viévard est intervenu lors des 42e journées de l’Actas (ex Anccas) portant sur le thème « Action sociale pour tous et adaptée à chacun : l’universalisme proportionné ». Il a proposé une réflexion autour d’une interrogation : ce concept pourrait-il devenir un cadre de référence pour l’action sociale ?
Vous parlez vous-même d’oxymore : qu’est-ce que l’universalisme proportionné ?
L’universalisme proportionné a été défini comme principe d’action des politiques publiques par Sir Michel Marmot en 2010. Dans un rapport Fair Society, Healthy Lives commandé par le ministère de la Santé, il le propose comme une stratégie efficace de lutte contre les inégalités sociales de santé. Les groupes sociaux les plus défavorisés sont en moins bonne santé que les plus favorisés, on le sait, et le « gradient social de santé » permet de documenter les écarts de santé selon le milieu social. La France est l’un des pays d’Europe occidentale où les écarts de santé entre les groupes sociaux sont parmi les plus forts.
L’universalisme proportionné est une alternative (en forme de synthèse) aux deux approches classiques universelle/ciblée. Les programmes universels sont ouverts à tous, mais, dans les faits, de nombreux freins font obstacle à l’accès des plus fragiles, éloignement géographique, barrière de la langue, problèmes cognitifs – ce qui explique le non recours. A l’inverse, les programmes ciblés s’adressent à des publics identifiés comme à risque, mais laissent de côté d’autres non repérés et pourtant parfois vulnérables, notamment dans les classes moyennes. Et ils peuvent être vécus comme stigmatisants, ce qui, là aussi, entraîne le non recours.
L’objectif de cette nouvelle approche est de conserver une action universelle et d’intensifier les moyens là où cela est davantage nécessaire. S’intéresser à tout le monde incarne un principe d’égalité ; varier les moyens en fonction des besoins, d’équité.
La porte d’entrée de cette approche est donc bien la santé ?
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