Le projet de loi de transformation de la fonction publique, la démarche Action publique 2022 et les dernières annonces du président de la République sur la haute fonction publique pourront-ils transformer nos administrations ?
Le monde change, les attentes des citoyens sont plus exigeantes et les conditions de travail évoluent. Pourtant, la transformation de la fonction publique ne viendra pas d’une réforme par le haut mais de changements sur le terrain. Ces derniers viendront, certes, de réformes structurelles mais aussi de nouveaux comportements diffusés au sein des administrations, sans attendre un hypothétique grand soir, et qui sont déjà à l’œuvre dans un certain nombre de structures publiques. En la matière, les collectivités ont été pionnières.
Pluralité des standards administratifs
De nombreuses propositions ont déjà été formulées. Au sein de l’association de jeunes fonctionnaires FP21, nous prônons un modèle de fonction publique qui favorise la pluralité des standards administratifs au quotidien et à toutes les échelles, recourt à des pratiques professionnelles alternatives de manière plus systématique, garantit la diversification sociale et professionnelle des agents publics, promeut l’égalité au service de la complémentarité des expériences et des compétences. La fonction publique est riche de ses agents publics qui détiennent tous des talents à valoriser et une expérience de terrain sur laquelle prendre appui.
La transformation passera surtout par le changement des postures professionnelles du quotidien, le développement de la gestion des compétences de tous les agents, la rénovation des pratiques managériales et organisationnelles, sans tomber dans l’effet de mode, le simulacre ou le « voile de l’innovation », qui, parfois, sont utilement instrumentalisés pour donner un éclat de jeunesse à des pratiques d’un autre temps.
Déverrouiller le pilotage stratégique
Pour éviter cet écueil, passer des intentions aux actions et mettre tous les agents en capacité de participer aux transformations, le pilotage stratégique des administrations doit être déverrouillé par la recherche de nouvelles postures et de nouveaux profils de dirigeants publics, afin de favoriser la coconstruction des solutions, le partage de la décision, la démocratie interne, l’écoute, l’humilité, l’expression de la singularité de chacun, la capacité de projection et de prise en compte de l’avenir. Cela supposera un travail sur les représentations et l’incarnation du pouvoir. Mais cela nécessitera également de développer la réflexivité de chacun et la critique constructive pour interroger nos pratiques et valider tout autant leur pertinence que leur efficience.
Chaque gouvernement souhaite imprimer sa marque sur la fonction publique, les textes de loi et les réformes s’enchaînent à un rythme frénétique. Mais les agents publics sont encore dans l’attente d’un véritable débat, sincère, ouvert, non orienté, garantissant la prise de parole équitable de chacun. Et ce, pour penser ensemble le sens et les formes des évolutions de nos administrations et des services publics, et intégrer les enjeux de long terme qui engagent notre avenir collectif autour, notamment, de l’écologie et du numérique.
Note : Emilie Agnoux est directrice de la transformation et du dialogue social au sein de l’établissement public territorial Grand Paris sud est avenir (16 communes, 310 800 hab., Val-de-Marne).
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