Les représentants du Synper (FA-FPT), de Sud Education, du Snu-Acte FSU et de la CFTC ont recensé cinq tentatives de suicide et quatre suicides sur le lieu de travail ou durant le temps de travail, au siège du conseil régional d’Ile-de-France ou dans ses établissements, dont celui d’un agent polyvalent contractuel, le 4 décembre dernier, dans un lycée professionnel de la proche banlieue parisienne.
A cette liste qui les alerte, ils ajoutent deux décès récents d’agents techniques après des accidents vasculaires cérébraux (AVC) qu’ils jugent suspects car ils ont eu lieu dans le même lycée.
Mais leur demande d’enquête sur ces accidents graves et d’inscription systématique à l’ordre du jour du Comité d’hygiène et de sécurité (CHS) n’a jusqu’à présent pas abouti.
Politique de l’autruche – « Le CHS devrait automatiquement se saisir de ces événements afin d’examiner les mesures à mettre en place. Construire la prévention ne peut se faire qu’en parlant des difficultés. D’autres grandes collectivités acceptent d’en discuter. A la région, quand on soulève un problème, on devient soi-même le problème. Cette politique de l’autruche génère énormément de souffrance », souligne Vincent Cailles, représentant au comité technique paritaire du conseil régional d’Ile-de-France et président du Synper IDF qui a porté plainte devant le procureur de la République pour non adoption du document unique.
Pression de plus en plus forte – « Globalement, il manque du personnel dans tous les établissements. Quand il y a un arrêt maladie, les agents sont très peu remplacés. Cela double le travail des personnes vaillantes, et se traduit par une fatigue constante et pléthore d’accidents. En réponse, la pression hiérarchique est renforcée, avec des ‘petits chefs’ qui font des rapports sur des agents qui contredisent du jour au lendemain les félicitations faites auparavant », explique Gérard Daumur.
Représentant Sud Education, il reproche à l’exécutif régional, qui emploie près de 10 500 agents permanents, dont 8 700 dans 470 lycées franciliens, de ne pas être à l’écoute des personnels et de leurs instances représentatives.
Gestion inadaptée des reclassements – Hormis le manque d’effectifs et la surcharge de travail, les quatre organisations syndicales invoquent également, dans leur analyse des suicides et accidents récents, des temps de travail qui se sont allongés et une gestion inadaptée des inaptitudes et des reclassements.
« A plusieurs reprises, nous avons alerté sans effet la région des grandes difficultés rencontrées par les agents dans l’exercice de leurs fonctions. Nous avons réclamé l’adoption du document de prévention, mais son élaboration est différée à coup d’audits et de diagnostics », indiquent-ils dans le tract appelant au rassemblement le 19 décembre à 9 heures devant les locaux du conseil régional, place André Tardieu à Paris (7e).
Commandé par la région au Cabinet Technologia, un audit est effectivement en cours de réalisation. « Il ne faudrait pas que ce soit une excuse pour l’inaction », estime Vincent Callies.
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