Pourquoi avoir fait du contrôle médical un outil central de votre politique de prévention de l’absentéisme ?
Pour lutter contre le micro-absentéisme, les collectivités ne disposent que de peu d’outils. La modulation des primes ne fonctionne pas sur le long terme, pas plus que la modulation des avancements d’échelon. Et de toutes façons, la fin de l’avancement d’échelon au minimum est pour bientôt. Nous avons fait le bilan de la suppression du jour de carence et constaté que les arrêts duraient plus longtemps. C’est aussi lié à l’histoire de la structure. Pendant longtemps, deux médecins réalisaient des contrôles. A leur départ en retraite ils n’ont pas été remplacés. Bien entendu, on ne l’a pas crié sur les toits mais les agents se sont rendu compte qu’il n’y avait plus de contrôles. Résultat : 50 % d’augmentation en maladie ordinaire en trois ans.
Vous avez rétabli ces contrôles aujourd’hui. Sous quelle forme et avec quels résultats ?
Nous avons d’abord fait appel à cinq médecins payés à l’acte. Mais trois validaient tous les arrêts ! Nous avons recruté un seul médecin agréé qui réalise l’ensemble des contrôles. Mais dont le rôle est aussi de discuter avec les agents. Nous convoquons les agents au cabinet médical dans nos locaux, par lettre remise par coursier. Nous ne voulions pas de contrôles à domicile pour lesquels les agents peuvent justifier leur absence par une visite chez le médecin ou une sortie à la pharmacie. Aujourd’hui, nous sommes à 3 % de maladie ordinaire. C’est un excellent moyen de lutter contre le micro-absentéisme. Aussi parce qu’il permet à l’agent de prendre conscience qu’il peut reprendre le travail. Et au final, les fraudes sont rares.
Nous avons recruté un seul médecin agréé qui réalise l’ensemble des contrôles. Mais dont le rôle est aussi de discuter avec les agents
De manière plus préventive, sur quels champs travaillez-vous ?
Nous avons créé une « Ecole des managers ». En France, il y a un déficit de management. Les encadrants ne savent pas dire les choses. Nous avons beaucoup de techniciens qui se retrouvent en difficultés quand ils deviennent managers. Nous proposons des conférences thématiques entre midi et deux. Et parmi les formations managériales désormais dispensées, il y a la méthode d’écoute active Thomas Gordon. Tous les évaluateurs ont été formés à cette méthode. Nous travaillons aussi actuellement sur un schéma stratégique des risques psychosociaux.
Les encadrants ne savent pas dire les choses. Beaucoup de techniciens se retrouvent en difficultés quand ils deviennent managers.
Cet article fait partie du Compte-rendu
Prévention de l’absentéisme : quelles solutions RH ?
Sommaire du dossier
- Prévention de l’absentéisme : quelles solutions RH ?
- « Aujourd’hui, nous sommes à 3 % de maladie ordinaire » – Pierre Lesaint (Lille)
- Prévention : « Un retour sur investissement de 7 à 8 » – Guy Decloquement (CDG du Nord)
- « Les agents premiers acteurs de la prévention en apprenant de bonnes pratiques » – Thierry Legrand (Haubourdin)
- Prévention : « Le CHSCT est la formation la plus importante » – Guenael Pira (Nord-Pas-de-Calais-Picardie)
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