Sous prétexte d’économies ou d’efficacité, de nombreuses fonctions d’établissements publics de santé sont de plus en plus souvent sous-traitées, à travers des contrats commerciaux, par des entreprises qui, pour certaines, sont en lien d’actionnariat avec des multinationales financières.
Cela a commencé il y a plusieurs dizaines d’années par ce qui ne se voyait pas trop – blanchisserie, analyses biologiques, équipement, maintenance technique… – avant de se généraliser massivement pour la communication, les tâches de gestion, l’archivage des dossiers de patients, l’imagerie médicale, la restauration, l’entretien… et la vente de service aux personnes hospitalisées.
Gestion des administrations de type entrepreneurial
Portée par les choix gouvernementaux de réduction des services publics dans de multiples domaines, et d’un « new management », avec une gestion des administrations de type entrepreneurial, cette évolution a été encouragée auprès des directions d’hôpitaux, notamment par les ARS, nées en 2009 sous le mandat de Nicolas Sarkozy.
Les conséquences négatives de la pénétration croissante d’intérêts financiers dans la santé et le médicosocial ont été très visibles et documentées avec l’affaire des Ehpad Orpea et des constats d’actes inutiles en établissements privés commerciaux (dentaire, dialyses, opérations de prostates, césariennes…) extrêmement graves pour les patients et la Sécurité sociale (1).
Creusement des inégalités sociales et territoriales
Comme cela contribue à un creusement des inégalités sociales et territoriales, au détriment du droit à des soins d’égale qualité, la Ligue des droits de l’homme a de nouveau été à l’initiative, le 24 août 2025 à Bordeaux, à l’université d’été des mouvements sociaux et des solidarités, d’un atelier consacré à cette gangrène de notre système de santé (2).
Particulièrement négative pour les patients, l’externalisation de la restauration et de l’entretien des chambres supprime toute complémentarité avec les équipes soignantes. Des salariés d’entreprises privées, souvent mal rémunérés, mal formés, mal équipés, remplacent les agents de services hospitaliers qui étaient associés aux équipes soignantes, connaissaient les patients et savaient alerter si besoin – ou simplement transmettre l’expression d’une personne hospitalisée se confiant plus facilement qu’auprès de soignants pressés…
Ces régressions affectent désormais la majorité des grands hôpitaux, y compris des centres de lutte contre le cancer, ayant pourtant le souci d’une approche globale de tout ce qui contribue à la guérison. Résistent encore des hôpitaux de proximité, aussi pour préserver des services, au sein desquels des élus locaux peuvent faire entendre leur voix…
Thèmes abordés
Notes
Note 01 (1) Voir mon article de 2023, actualisé sur demande du Syndicat national des chercheurs scientifiques, en décembre 2024, pour le n° 439 de leur trimestriel, « La Vie de la recherche scientifique » (p. 35 à 38). Le coût d’externalisation global des services publics est estimé au quart du budget de l’Etat : « 160 milliards d’euros d’externalisation par an : comment la puissance publique sape sa capacité d’agir », collectif Nos services publics, 2021. Retour au texte
Note 02 (2) Programme détaillé avec références bibliographiques. Retour au texte