Le gouvernement de Michel Barnier réclame 10 milliards d’euros d’économies aux collectivités. Cette décision met en danger les finances locales, et donc celles des Centres communaux et intercommunaux d’action sociale. A contresens des réalités, c’est la solidarité qui se retrouve sacrifiée sur l’autel de la rigueur budgétaire.
Les communes investissent chaque jour en faveur des plus vulnérables, tout au long de leur vie. La recherche d’une place en crèche, la demande de logement social, la gestion des Ehpad publics : chaque français est concerné de près ou de loin par un CCAS. Si nos communes ne sont plus en capacité de les financer, c’est la cohésion sociale qui risque de s’effondrer.
La France face à une dégradation historique de ses indicateurs de pauvreté
Les conséquences d’une telle décision seront irréversibles. Les CCAS, déjà éprouvés par la crise sanitaire, voient leurs ressources financières diminuer alors que la demande augmente.
En 2020, alors que notre pays est plongé dans la pandémie du Covid-19 et les confinements successifs, les CCAS sont en première ligne, développant des aides nouvelles en matière d’aide alimentaire et d’hébergement d’urgence.
L’inflation a ensuite rendu la vie de plus en plus difficile pour des millions de nos concitoyens, au point qu’en 2022, 5,1 millions de personnes vivent avec moins de 1000 euros par mois, soit 300 000 de plus qu’en 2017. Plus de 3000 enfants dorment chaque jour dans la rue d’après l’Unicef, faute d’hébergement d’urgence, du jamais vu. Enfin, d’après le baromètre de l’association Cop1, près d’un étudiant sur cinq a eu recours à l’aide alimentaire en 2024.
Nous sommes face à une crise sociale qui touche désormais toutes les catégories d’âge et de revenus.
Les communes, acteurs de proximité, se retrouvent donc confrontées à des réalités complexes. Elles doivent non seulement faire face à l’augmentation des demandes d’aide sociale, mais aussi s’adapter à des populations de plus en plus vulnérables.
Les CCAS abandonnés dans leurs territoires
Les communes doivent maintenant jongler avec des ressources limitées tout en cherchant à répondre aux défis sociaux croissants et à de nouveaux publics.
Les CCAS quant à eux se retrouvent à gérer et à financer toujours plus d’établissements d’action sociale de proximité (centres d’hébergement d’urgence, EHPAD, crèches etc.). 85 % des Ehpad publics sont en déficit, conduisant à une fusion de lits alors que le besoin d’ici à 2050 est de créer 300 000 places supplémentaires.
Politiques publiques low cost contre dignité humaine
La matière des CCAS, ce n’est ni des chiffres, ni des tableaux Excel, mais des femmes et des hommes dans des situations de détresse et parfois d’urgence extrême. Si le gouvernement fait le choix de les abandonner, alors il doit le leur dire clairement.
Les élus locaux, artisans quotidiens de l’action sociale, risquent de se retrouver encore une fois livrés à eux-mêmes. Il est impératif qu’un débat national soit engagé pour redéfinir le rôle des collectivités et poser de réelles garanties de financement à la hauteur des enjeux. Les communes doivent être soutenues dans leur mission d’accueil, d’aide et de solidarité, et non pas considérées comme de simples variables d’ajustement budgétaire.
Avec cette coupe gigantesque dans les budgets communaux, nos CCAS/CIAS se retrouvent devant un choix impossible : trier les bénéficiaires alors que la demande explose. Nous, maires et élus, refusons de laisser qui que ce soit de côté.
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