Pourtant, le Président de la République déclarait dès juillet 2017 qu’il se fixait comme objectif que « plus aucun SDF ne dorme dans la rue » à la fin de cette même année. Six ans après, la promesse n’a pas été tenue.
Alors que les Jeux olympiques approchent à grands pas, les maires et les élus locaux que nous sommes expriment leurs plus vivent préoccupations face aux velléités du gouvernement d’éloigner des regards parisiens les personnes sans domicile fixe. Sous couvert d’améliorer leur accompagnement administratif et de libérer des capacités d’hébergement en Ile-de-France, cette initiative consistant à créer des « sas d’accueil temporaires régionaux » soulève de nombreuses interrogations.
La question de l’hébergement d’urgence est suffisamment grave et complexe pour ne pas laisser croire qu’elle peut être traitée de manière ponctuelle en incitant au transfert des sans-abris de la région parisienne vers les autres régions hexagonales, pour « cacher cette misère que l’on ne saurait voir ». Il est question ici de dignité humaine. Mais plus encore, il est de notre devoir de nous assurer que toutes les conditions sont réunies pour offrir de réelles opportunités de logement, d’accès aux droits et d’intégration sociale aux personnes concernées. Des opportunités durables et pleinement concertées avec les communes.
Tandis que l’hébergement d’urgence relève de la responsabilité de l’Etat, nous maires et élus locaux alertons à nouveau sur un dispositif structurellement sous-dimensionné conduisant à des situations dramatiques sur le plan humain, et que nous pallions déjà avec nos partenaires associatifs à la place de l’Etat.
L’Unccas appelle par conséquent ce dernier à être enfin à la hauteur des enjeux et à prendre ses responsabilités. Si les crédits budgétaires consacrés à l’hébergement d’urgence ont doublé depuis dix ans, les 200 000 places aujourd’hui disponibles sont toujours loin de répondre à la pression de la demande. Si la veille sociale et l’accès aux droits sont des étapes essentielles dans l’accompagnement des personnes, ils nécessitent donc des moyens ad hoc complémentaires.
Pour mémoire, selon le dictionnaire Larousse, le vagabondage consiste à « errer sans but précis » tandis qu’autrefois « il constituait un délit pour une personne sans domicile fixe et sans moyens de subsistance ».
Nous appelons donc le gouvernement à revoir sa copie quant à l’éloignement des sans-abris franciliens dans nos régions qui conduirait le cas échéant, à n’en pas douter, à institutionnaliser le vagabondage dans notre pays et contre lequel les élus locaux que nous sommes luttons avec conviction – l’humanisme – et détermination, avec nos actions quotidiennes dans nos villes au service de plus fragiles.
Non satisfaits du besoin de dresser ce constat alarmant, et refusant de nous draper dans la seule critique, nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement pour trouver ensemble les réponses adaptées au long cours. Mais encore faudrait-il que celui-ci comprenne le rôle central des CCAS dans notre pays.
Signataires de cette tribune de l’Unccas :
Luc Carvounas, président de l’Unccas, maire d’Alfortville ; Véronique Besse, vice-présidente de l’Unccas, députée de la Vendée ; Martial Bourquin, vice-président de l’Unccas, maire d’Audincourt ; Sandrine Runel, vice-présidente de l’Unccas, adjointe au maire de Lyon ; Antoine Hoareau, vice-président de l’Unccas, adjoint au maire de Dijon ; Mathilde Roy, vice-présidente de l’Unccas, adjointe à la maire d’Amiens ; Yves Calippe, vice-président de l’Unccas, adjoint au maire du Mans ; Abbassia Hakem, vice-présidente de l’Unccas, adjointe à la maire de Nantes ; Yann Galut, maire de Bourges ; Guillaume Mathelier, administrateur de l’Unccas maire d’Ambilly ; Jean-Luc Laurent, membre du conseil national de l’Unccas, maire du Kremlin-Bicêtre ; Denis Öztorun, maire de Bonneuil-sur-Marne ; Pierre Garzon, maire de Villejuif ; Philippe Lamarque, maire de Sarbazan, président de l’Udccas des Landes ; Patricia Tordjman, maire de Gentilly ; Patrick Lafon, adjoint au maire de Marolles-en-Hurepoix, président de l’Udccas de l’Essonne ; Philippe Bouyssou, maire d’Ivry-sur-Seine ; Isabelle Rolland, adjointe au maire de Retiers, présidente de l’Udccas de l’Ille-et-Vilaine ; Patrick Person, adjoint au maire de Pleyben, président de l’Udccas du Finistère ; Ammar Rahouani, adjoint de Pierrefitte-sur-Seine, président de l’Udccas de la Seine-Saint-Denis; Stéphanie Daumin, maire de Chevilly-Larue ; Nadia Nezlioui, adjointe au maire de Bourges, présidente de l’Udccas du Cher ; Danièle Carlier-Misrahi, adjointe au maire de La Rochelle, présidente de l’Udccas de la Charente-Maritime ; Marie Chavanon, maire de Fresnes ; Alain Lejeune, adjoint au maire de Barentin, président de l’Udccas de la Seine-Maritime ; Jean-Philippe Gautrais, maire de Fontenay-sous-Bois ; Marjorie François, adjointe au maire de Laval, présidente de l’Udccas de la Mayenne ; Michel Arrouy maire de Frontignan, président de l’Udccas de l’Hérault ; Hélène de Comarmond, maire de Cachan
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