Benoist Apparu, secrétaire d’Etat chargé du Logement, a dévoilé mercredi 30 novembre le Palmarès national Ecoquartier 2011 qui récompense 24 projets originaux.
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« Il y a quatre ans, le Grenelle de l’Environnement marquait un tournant dans les domaines de la construction, des transports, de l’énergie et de la biodiversité. Ce tournant se traduit aujourd’hui dans la conception des projets urbains », a rappelé le ministre, en détaillant les 24 opérations emblématiques portées par les collectivités territoriales.
De fait, ce 2e appel à projets a fait remonter quelque 394 dossiers, soit deux fois plus de projets que l’année précédente. Au-delà du grand prix national décerné à deux territoires, la communauté urbaine du Grand Nancy, et Lille Métropole Communauté Urbaine, des prix spéciaux ont récompensé différentes typologies de quartier, sur fond de biodiversité, et d’esprit d’innovation.
Les berges à l’honneur à nouveau – Ainsi, l’Ecoquartier fluvial de l’Ile Saint-Denis (Communauté d’agglomération Plaine Commune), qui a obtenu le « prix d’avenir », témoigne du regain d’intérêt des élus pour leurs fleuves, et pour des berges restées longtemps en déshérence.
En secteur rural, l’éco-hameau de Bertignat (63) et l’Ecoquartier de Limant revisitent l’esprit « village », tandis que Montpellier, et son quartier des Grisettes, ainsi que Rennes Métropole, se taillent la part du lion, sur le thème de la nature en ville.
Enfin, Boulogne-Billancourt, échaudée par son rendez-vous manqué avec sa fondation d’art contemporain, (cf ancien projet Ile Seguin), a obtenu une distinction pour les performances écologiques du quartier Seguin Rives de Seine.
Halte aux normes – Benoist Apparu en a profité pour inciter les maîtres d’ouvrage à changer de braquet : « Je suis convaincu que tout ne passe pas par la loi, par les textes, par les normes : le Plan Ville Durable traduit justement cet engagement à changer de pratiques pour construire désormais la ville durable, et ce à travers des appels à projet, et notamment le développement des Ecoquartiers. »
Toutefois, le ministre, dans sa volonté de promouvoir l’excellence française en matière de conception urbanistique, ne cache pas qu’un projet de label Ecoquartier est dans les cartons du ministère.
Un comité de préfiguration du label a été créé courant 2011, et a réuni lors de trois séminaires l’ensemble des acteurs concernés (publics, privés, ONG, etc.). Pour l’heure, la création d’un tel label commence à faire débat, chez les principaux acteurs concernés, les architectes…
« La création d’un label n’est pas la meilleure démarche » – Frédéric Denisart, vice-président du Conseil national de l’ordre des architectes
Lors de l’annonce du palmarès 2011 des Ecoquartiers, le ministère de l’Ecologie a annoncé la création d’un label Ecoquartier en 2012. Que signifierait pour vous une approche normative en matière d’urbanisme ?
Le CNOA, qui a été associé à cette réflexion, s’est exprimé sur ce point : la création d’un label n’est pas forcément la meilleure démarche. Un label définit des limites, à l’instant « t », d’une opération que l’on juge exemplaire. Par exemple, il y a beaucoup à dire sur certains Ecoquartiers « précurseurs », repérés en zone rurale, qui ne sont pas desservis par les transports collectifs… Cela ressemble à une opération de communication, l’intérêt étant pour le maire et pour le promoteur de vendre des opérations plus vite et plus cher !
La nouvelle grille de critères fait la part belle à la « démocratie implicative », qui utilise la prospective pour imaginer avec les futurs habitants la vie et l’identité de l’Ecoquartier. Qu’en pensez-vous ?
Il est toujours intéressant de pouvoir associer les citoyens. Cela élève le débat, au-delà du cran politique et médiatique, et permet de faire de la pédagogie en matière architecturale.
Que sera demain une démarche participative, s’appuyant sur les ressources « internet » ? Elle permettra à l’élu de développer une vision plus prospective qu’électoraliste.
Plus généralement, comment ont évolué les critères, sur le plan architectural ?
Aujourd’hui, en matière de développement durable, la demande porte sur une conception bioclimatique du bâtiment, sur la qualité de son enveloppe, son acoustique.
C’est la raison pour laquelle les maîtres d’ouvrage ne doivent pas se focaliser sur les équipements thermiques qui connaissent une obsolescence rapide.
Je suis entièrement d’accord avec le CNOA. Je me souviens que dans une présentation, à la Cité de l’Architecture de Paris, de différents projets ou réalisations d’éco-quartiers, figurait celui de Louvres-Puiseux en France. A y bien regarder, c’était en fait un quartier d’habitat pavillonnaire extensif (classique dans cette zone de la grande ceinture francilienne) ayant bénéficié d’un « lifting » écolo.
Ce projet de création d’un « label éco-quartier » pourrait-elle (elle aussi) relever d’un plan com’ ? Je n’ose le supposer…