D.R.
Lors d’une conférence organisée par la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) sur le Salon des maires et des collectivités locales (SMCL) le 19 novembre, l’association des Eco maires a appelé à ouvrir les marchés publics aux variantes. Elle s’est aussi engagée dans une charte Ecochantier avec la FNTP.
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«Les collectivités n’ont plus le choix aujourd’hui » a résumé Jean-Raymond Hugonet, maire de Limours (Essonne, 6605 habitants) qui s’exprimait pour l’association des Eco maires à la conférence organisée par la FNTP sur les éco-chantiers lors du SMCL le 19 novembre. « Il faut faire comprendre aux maires tout l’intérêt qu’il y a rendre acceptables les chantiers ».
Lille Métropole, par exemple, enregistre 40 000 déclarations de projets de travaux par an, soit une moyenne de 200 par jour… Rien que pour les réseaux enterrés. « Le travail en sous-sol est une tâche à part entière », pour Guy Beurier, en charge des voies nouvelles et ouvrages à Lille Métropole et membre de l’AITF. Or ces travaux créent des gênes pour les populations. Et certains chantiers ne se font jamais faute d’acceptation par les populations.
Leviers d’action contre les nuisances de chantiers – Pour remédier à ce phénomène, maîtres d’ouvrage et professionnels des travaux publics se sont unis et ont dessiné divers leviers d’action. La FNTP et l’association des Eco maires viennent ainsi de rédiger un charte nationale Ecochantier de façon à mieux prendre en compte les impacts environnementaux en amont et en aval d’un chantier : réduction des nuisances aux populations, prévention des risques pour les personnels intervenant sur les chantiers, limitation des pollutions, gestion, collecte et recyclage des déchets, réduction des consommations d’énergie.
Les collectivités pourront s’en servir comme modèle. L’objectif est « de se donner une feuille de route connue » de tous les acteurs d’un chantier, a expliqué Sébastien Perrin, secrétaire général de la FNTP Franche-Comté. Et de la traduire dans les documents contractuels des marchés.
Les intercommunalités en relais – Le savoir-faire en la matière se trouve aussi bien du côté des collectivités que des entreprises. Aussi, les Eco maires comme certains professionnels tels les Canalisateurs de France, appellent à l’ouverture des marchés publics aux variantes. Y compris dans les marchés passés « par de petites collectivités, a insisté Jean-Raymond Hugonet. Les intercommunalités pourraient être un relais pour celles qui n’ont pas les compétences ».
Lille Métropole est pour sa part engagée dans la démarche FURET (Furtivité Urbaine, Réseaux et Travaux), née d’un projet de recherche Villes durables dont les conclusions ont été rendues en 2013. Elle vise à mieux faire accepter les chantiers par les populations en travaillant notamment sur la communication autour des travaux de façon à ce que ceux-ci soient davantage vécus « comme une opportunité pour la collectivité et non plus comme une nuisance », commente Guy Beurier.
Règlement national de voirie – Travailler sur l’acceptabilité des chantiers, c’est aussi éviter de rouvrir des tranchées pour intervenir sur les réseaux enterrés en les rénovant par l’intérieur, fait remarquer l’association des Canalisateurs de France. Cela présente également l’avantage de ne pas dégrader le patrimoine voirie d’une collectivité. « Ouvrir une tranchée ordinaire enlève un tiers à la durée de vie d’une voirie qui est normalement faite pour une cinquantaine d’année. Quand elle est mal réfectionnée, c’est pire », a mis en avant Guy Beurier.
A Lille Métropole, « le coût de dégradation de ce patrimoine est équivalent au budget de fonctionnement voirie. Il y a là un gisement d’économies à récupérer. Avoir un règlement voirie partagé au niveau national permettrait à toutes les entreprises, à tous les concessionnaires, à tous les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre de savoir qu’il n’y a qu’un seul règlement».
L’AITF a rédigé un texte pouvant servir de base à un éventuel règlement national de voirie, qu’elle appelle de ses voeux. « Mais le travail reste à faire » pour sa mise en place, selon Guy Beurier, car cela nécessiterait de modifier le Code de la voirie routière.