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Modeler le cadre de vie de millions d’habitants représente une très lourde responsabilité. Relève-t-elle de la compétence exclusive des architectes ?
Ma Gazette
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Modeler le cadre de vie de millions d’habitants représente une très lourde responsabilité. Relève-t-elle de la compétence exclusive des architectes ? Est-il plus pertinent, pour atteindre un objectif de qualité, de faire appel à un panel de professionnels compétents dans leurs domaines respectifs ?
La réponse paraît évidente et pourtant, cette évidence n’est pas partagée par Fleur Pellerin, la ministre de la Culture et de la communication, qui a fait le choix de confier aux seuls architectes le projet architectural, paysager et environnemental du lotissement.
Qu’il s’agisse de la circulation dans un bourg, de la conception d’un lotissement périurbain ou de la requalification d’un quartier postindustriel en écoquartier, l’enjeu est toujours le même : procurer à un lieu de vie un caractère propre, distinctif et surtout qualitatif, pour donner envie aux usagers ou aux habitants d’y passer du temps. Il s’agit donc bien de mettre le cadre de vie au service de la qualité de vie. Cet enjeu est crucial pour que la notion de vivre ensemble conserve tout son sens.
Déjà adopté à l’Assemblée nationale en première lecture et, dans la précipitation, le 6 octobre 2015, le projet de loi « liberté de création, architecture et patrimoine », porté par Fleur Pellerin, est passé au Sénat fin janvier 2016.
L’article 26 quater prévoit d’introduire dans le code de l’urbanisme un article L.441-4 qui rend obligatoire le recours à un architecte pour établir le projet architectural, paysager et environnemental d’un lotissement. Cette pièce du permis d’aménager permet d’apprécier l’insertion du projet d’agencement tant dans son environnement urbain que paysager.
Réserver la production du projet architectural, paysager et environnemental aux architectes de manière exclusive revient à dire que ces derniers sont les seuls professionnels compétents en architecture, certes, mais aussi en matière de paysage et d’environnement.
Equipes pluridisciplinaires à compétences multiples
Les architectes sont loin d’être seuls compétents dans ce domaine et les projets qui voient le jour sont la preuve flagrante de la nécessité de recourir à des équipes pluridisciplinaires pour garantir la qualité de la forme urbaine.
L’approche méthodologique du projet architectural, paysager et environnemental, nécessite la mise en œuvre d’une démarche prenant en compte la globalité de l’environnement de l’opération : paysage et biodiversité, formes urbaines, déplacements, énergie, eau, contexte social et mixité, climat et géographie, déchets, bruits et nuisances, sol et matériaux, etc.
Les meilleurs projets résultent d’équipes pluridisciplinaires à compétences multiples. La seule réponse cohérente pour garantir la qualité de la forme urbaine est une approche par un haut niveau d’exigence dans la conception des projets de lotissement, résultant d’un haut niveau de formation de tous les professionnels du cadre de vie.
Cette hérésie est doublée d’un manque criant de concertation avec les professionnels du cadre de vie. Il est indispensable qu’une vraie concertation soit enfin mise en œuvre pour permettre à tous les professionnels du cadre de vie et de la qualité urbaine au sens large de partager leurs propositions avec le législateur.
Refusez d’appauvrir vos lotissements ! Soutenez la pétition pour défendre la pluridisciplinarité et en faveur de la qualité des formes urbaines !
En quoi rendre obligatoire le recours à un architecte pour établir le projet architectural, paysager et environnemental d’un lotissement, empêche de mettre en place une équipe pluridisciplinaire, avec un Architecte ?
La question sous-jacente est bien de savoir si il y a une place pour les géomètres dans les équipes pluridisciplinaires qui comporteraient donc de droit un Architecte.
De fait, on est loin des envolées lyriques « Refusez d’appauvrir vos lotissements », mais on est bien sur le partage de l’accès au marché des petits lotissements, ou le géomètre apparait comme le technicien qui permet de se passer d’un concepteur pour borner une division parcellaire…