A l’occasion de sa conférence de presse de rentrée, La ministre a dressé le tableau d’une école « trop dirigiste et dirigée », pour laquelle la situation politique permettait de « marquer un apaisement dont notre système a profondément besoin ». Des propos surprenants après deux ans qui ont vu se succédé 4 ministres, « école du futur » et « choc des savoirs »
Dans sa récente note économique consacrée à la France, l’OCDE souligne l’importance d’améliorer un système éducatif dont les résultats sont moyens et les inégalités plus marquées malgré des dépenses plus importantes. Au bilan, les faibles performances éducatives de notre pays réduiraient la productivité globale de 2,7 %.
L’OCDE pointe en particulier la trop grande centralisation : « en 2017, 55 % des décisions concernant le premier cycle du secondaire sont prise au niveau central contre 24 % en moyenne dans les autres pays ». La note recommande d’accroître l’autonomie des établissements sous réserve de trois conditions : l’évaluation régulière des résultats, le renforcement des capacités de direction et une formation continue adaptée des enseignants.
La question n’est pourtant pas nouvelle : dès 1890, Léon Bourgeois soulignait l’importance d’adapter l’enseignement aux spécificités locales. Ce principe a été porté dans la loi avec la création des établissements publics locaux d’enseignement (EPLE), dotés d’une personnalité juridique et d’un conseil d’administration au sein duquel siègent les collectivités locales. Les établissements disposent également de dotations horaires globales assorties de marges d’autonomie et d’un large droit à l’expérimentation pédagogique, encore renforcé par la loi pour l’école de la confiance de 2019.
Une décentralisation théorique
Décentralisé en droit, l’école reste cependant centralisée en fait. Loin de clarifier les responsabilités, la décentralisation a conduit à une fragmentation des compétences : comment construire un projet éducatif local quand la compétence de la commune s’étend aux écoles élémentaires et au périscolaire, celle du département au collège et au handicap et celle de la région à l’orientation, à l’apprentissage et au lycée ? Tout ceci tandis que l’Etat conserve une compétence exclusive sur l’enseignement. Comment s’étonner que les collectivités siègent aussi peu dans les CA des établissements ?
En outre, l’autonomie s’arrête au secondaire. La moitié des 45 000 écoles de France compte moins de 5 classes et sont donc dirigées par des enseignants partiellement déchargés qui assument une fonction surtout administrative. La culture collégiale du primaire explique aussi les fortes réticences devant la perspective de voir le collègue se transformer en supérieur hiérarchique.
De fait, les syndicats sont souvent opposés à une autonomie qui préfigurerait un renforcement des inégalités, une privatisation rampante et un affaiblissement du statut des enseignants. La récente controverse sur les groupes de niveaux illustre cependant les faux semblants du débat, avec un gouvernement intervenant dans l’organisation pédagogique et des syndicats défendant l’autonomie pédagogique.
Plutôt que d’opposer autonomie et centralisation, il est essentiel de réfléchir aux moyens concrets de donner plus de marges de manœuvre aux acteurs locaux, en respectant le temps nécessaire pour que les politiques éducatives produisent leurs effets. Un dialogue plus approfondi avec les collectivités locales et un souci accru des réalités du terrain semblent indispensables pour que l’école réponde mieux aux besoins des élèves et de leurs familles.
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