Dans le langage moderne, l’allocation désigne « l’argent public de la solidarité nationale », selon l’expression de Robert Castel. Outil de la protection sociale à la française, l’allocation reflète à la fois le projet politique et le système socio-économique de la société.
L’intervention publique corrige les inégalités induites par le hasard des naissances et les conséquences indésirables produites par un marché défaillant à prendre en charge les besoins fondamentaux des individus les plus défavorisés ou à fournir les biens collectifs.
À travers John Rawls et son concept de « justice sociale », l’allocation rétablit l’égalité des chances.
Représentative d’un droit social, elle ne s’accorde qu’en vertu d’un accord tacite passé avec l’État, selon les cas, de préservation de la paix sociale ou de donnant-donnant. Dans cette seconde acception, explique Van Parijs, « celui qui ne contribue rien n’a droit à rien ».
Le droit de tirage exercé sur la société ne s’envisage que dans la relation, « réaliste » selon Castel, entre « travail et protection ».
Cette considération amène à penser « coopération sociale » avec Mark Hunyadi. Pour défendre l’allocation universelle, le philosophe rejette « l’utilité du lien social [réduite] à la seule contribution économique » ou « laborieuse de ses membres ».
Plaidant pour la « libre réalisation de soi », désaliénée et utile aux autres, il relève l’idée d’une « solidarité de fait » dans une société qui est « toujours un système de coopération au sens élargi ». Une voie pour refuser « la tyrannie de modes de vie qui nous échappent ».
Thèmes abordés