Quels défis devront relever les établissements pour personnes âgées dans l’avenir ?
Ils vont devoir faire face à un nombre croissant de personnes âgées avec la génération du papy boom, à des contraintes économiques exponentielles et à des exigences sociétales de qualité et de services de plus en plus importantes. Aujourd’hui de nombreux établissements ne sont par exemple pas équipés d’un accès Wifi. Par ailleurs, les directeurs sont de plus en plus souvent interpellés par des personnes, dont les profils sont singuliers et inhabituels dans nos établissements. Ils ont aujourd’hui à apporter des réponses à des personnes sortant de prison, à des personnes homosexuelles victimes d’ostracisme, à des personnes handicapées vieillissantes, à des personnes ayant longtemps vécu dans la rue. Ces réalités nouvelles obligent le secteur à réagir et à réfléchir aux manières de développer une offre importante, variée, avec des réponses de plus en plus individualisées.
Comment comptez-vous vous y prendre pour répondre à ces nouveaux besoins ?
Les lignes actuelles doivent bouger. Nous avons le devoir de repérer les besoins et de les traduire dans nos politiques. Il faut imaginer des conceptions architecturales particulières et construire des établissements et des services répondant à ces nouvelles exigences.
Nous sommes à l’heure de la transformation de l’offre d’accueil et d’accompagnement. Le bénévolat dans les établissements est un gisement à mobiliser. Privilégier le domicile avec des services et des équipements adéquats répond au désir des personnes âgées de rester chez elles. D’une part, le modèle économique « domicile » doit être repensé. D’autre part, la silver économie doit fournir des équipements et une architecture intelligente. Par exemple, un sol qui détecte et alerte quand la surface du corps en contact avec lui est supérieure à l’empreinte des pieds.
De leur côté, les établissements devront se médicaliser pour répondre avec leurs professionnels qualifiés aux besoins des personnes en grande perte d’autonomie. Entre les deux, il faut construire une réponse alternative sur le modèle des logements collectifs. Les bailleurs sociaux ont un rôle à jouer dans cet interstice, et les logements foyers sont un élément de la réponse.
Quel est l’enjeu de cette nouvelle offre pour les établissements ?
Le secteur des personnes âgées n’a jamais été une priorité, les groupes de pression sont insuffisants et ce n’est pas valorisant d’injecter de l’argent public dans ce domaine. La crise n’arrange rien.
Il ne s’agit pas de financer du soin mais de répondre à des exigences de confort de vie et d’équipement, d’accompagner des évolutions sociétales. Le cœur du problème est évidemment financier, l’accompagnement public et la mobilisation de moyens financiers nécessaires pour répondre aux nouvelles attentes des personnes âgées et de leur famille sont indispensables.
A défaut, la composante hébergement du prix de journée devra augmenter et le résident payer. Dans ces conditions, il est évident qu’une frange de la population âgée ne pourra pas accéder aux prestations correspondant à ses aspirations. Notre mode d’organisation va être chahuté, nos structures seront mises sous tension.
Le risque est de voir les établissements accueillant les personnes âgées les moins fortunées prendre la couleur des hospices d’hier. Les groupes privés, qui gèrent des clients, ont déjà pris la mesure de cet enjeu. Ils proposent deux gammes d’établissements en terme de services et de tarifs, inférieurs évidemment dans les établissements habilités à l’aide sociale.
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