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Quelles seront les capacités nécessaires pour traiter les déchets en 2040 ? Le rapport de Jean-Louis Chaussade, ex-patron de Suez, reprend les données actuelles de l'Ademe avec des simulations reposant sur les objectifs de la loi Agec. Mais pour atteindre ses objectifs, les propositions sont pour la plupart déjà anciennes. Décryptage.
Ma Gazette
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Suite à la mission confiée le 11 mai 2020 par Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et Solidaire, et Brune Poirson, secrétaire d’Etat à l’Economie circulaire, Jean-Louis Chaussade a remis mi-décembre 2020 à Barbara Pompili son rapport sur l’« évaluation des capacités de traitement des déchets en France à l’horizon 2040 ». L’auteur fait état de son « expérience personnelle à la tête d’une grande entreprise, Suez, un leader mondial en matière de gestion de déchets ». Il faut relativiser puisqu’elle est plutôt leader dans le domaine de l’eau.
Ou comment faire du neuf avec de l’ancien?
Comme me le rappelait un de mes meilleurs amis, il ne faut jamais demander à un spécialiste de proposer des solutions nouvelles dans son domaine. Cela est voué à l’échec!
Pour ma part, je dis toujours qu’il faut un candide dans toutes les réflexions – ce qui n’est jamais mis en place, ni au sein des collectivités, ni au sein de l’Etat. Ce candide doit bien sûr avoir des qualités particulières. Il ne doit pas avoir baigné dans les instances actuelles. Il doit avoir un franc parler et des connaissances suffisantes. Enfin, il doit être conscient que pour mener sa mission il est assis sur la branche qu’il est en train de couper.
Dans le domaine des déchets, il n’y a pas de changement de paradigme. A un moment on a incité les collectivités à tout mettre dans le sac noir et avec un appareil dédié pour cela le tri (de bonne qualité) devait se faire tout seul. Après des investissements pharaoniques, il a bien fallu constater que cela ne fonctionnait pas. Bah, tant pis pour ceux qui s’étaient engouffrés dans cette brèche – en fait ce n’est que de l’argent public gaspillé.
Si on avait soumis cette solution à un candide ayant fait un peu de génie chimique (par exemple) il aurait dit que séparer divers produits certains secs et d’autres humides est particulièrement difficile. Il n’aurait donc pas été favorable à cette mesure – ce qui soit dit en passant aurait économisé pas mal d’argent public!
Pour les déchets, il y un point jamais remis en cause: le déchet le plus simple à traiter est celui qui n’existe pas. En partant de ce principe, on pourrait inciter les industriels d’abord à réduire le volume et le nombre de leurs emballages – regardez le volume de ce que vous mangez et des emballages qui sont achetés en même temps; c’est parfois très similaire.
L’autre mesure consiste à interdire la production de nouveaux emballages qui ne peuvent pas être réutilisés pour un coût compétitif.
En effet, toute mesure qui reporte la gestion des déchets au consommateur final est tout simplement vouée à l’échec car ce dernier ne peut pas faire autrement!