Un rapport provisoire de la Chambre régionale des comptes (CRC) du Languedoc-Roussillon, porté à la connaissance de nos confrères de l’AFP et du Midi Libre, ferait état d’une gestion dispendieuse de la part de la ville de Montpellier entre 2006 et 2012, et notamment d’une communication a minima sur le coût réel du chantier du nouvel hôtel de Ville.
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Les informations extraites du rapport, qui ont filtré dans un premier temps, pointaient du doigt la communication partielle effectuée par la municipalité s’agissant de la construction de la nouvelle mairie et de l’aménagement de ses abords.
Un écart de 47 millions d’euros – Concrètement, d’après la CRC, la construction du bâtiment principal (132 millions d’euros), d’un parking souterrain (19 millions d’euros), d’un parc paysager en ceinture (4 millions d’euros), d’un immeuble de bureaux (8 millions d’euros), la réhabilitation de l’ancienne mairie (1,6 millions d’euros) et autres équipements et services auraient coûté au total 179 millions d’euros, et non 132 millions sur lesquels la municipalité avait communiqué, soit plus de 35 % de plus que le coût prévisionnel.
La Chambre reproche effectivement à la ville d’avoir communiqué séparément sur ces opérations – qui ont fait l’objet d’appels d’offres distincts en 2011 – alors qu’il s’agissait, selon elle, d’une seule et même réalisation.
Certes l’entité adjudicatrice – la Société d’équipement de la région montpelliéraine (Serm) – avait pour obligation d’allotir, mais la présentation du coût de l’opération ne s’est pas faite globalement. Selon le rapport provisoire, la ville aurait donc dû communiquer sur une facture totale, faisant apparaître les dépenses engagées à la fois pour la construction de l’hôtel de ville par les Ateliers de l’architecte Jean Nouvel, mais aussi pour l’aménagement de la zone environnante.
Si le « saucissonnage » (1) de l’opération ne semble pas avoir été l’objectif visé – les coûts des différents chantiers étant quoi qu’il en soit très élevés – on peut imaginer que c’est probablement pour éviter d’avoir à rendre des comptes sur ses dépenses importantes que la ville a préféré répartir les charges par segments.
Outre les travaux entourant la nouvelle mairie, plusieurs aspects de la vie municipale interne ont été épinglés, notamment des frais de bouche exorbitants, des dépenses de fourniture surprenantes ou encore des remboursements de trajets discutables.
Dans l’attente du rapport définitif – Face à ces « fuites » dans la presse, la ville de Montpellier a verrouillé toute communication. « Contrairement à quelques journalistes, nous n’avons pas encore reçu le rapport provisoire, déclarait jeudi dernier la municipalité. Nous n’avons donc pas débattu de ce sujet en conseil municipal et réserverons nos réponses pour la CRC ».
De son côté, la chambre régionale tente, depuis la semaine dernière, de calmer les esprits. Dans un communiqué envoyé jeudi 31 octobre, elle indique qu’elle refuse tout commentaire prématuré alors que la procédure « n’est pas encore achevée ».
Jointe par téléphone, la CRC est restée nébuleuse : « Ce dossier est très délicat. Aussi, nous tenons à faire respecter le secret de la procédure. Les intentions de cette affaire nous échappent ». Intentions de la ville de Montpellier de minimiser ses dépenses ? La CRC reste évasive. Malgré tout, elle assure que le rapport définitif serait bouclé « très prochainement ». Tout est donc envisageable.
Rien de bien nouveau dans les pratiques locales. Les élus n’ont aucune responsabilité à assumer sur les conséquences financières de leurs décisions. En région lyonnaise, on peut évoquer le coût d’infrastructures apporté en don à une société de spectacles « sportifs » qui est évalué à environ 130 millions d’euros par les autorités contributrices, censées représenter les contribuables: le Grand Lyon, l’Etat, le Département, le Sytral, la commune de Décines-Charpieu. Or les dons en deniers publics s’élèveront, selon une estimation encore très provisoire, au minimum de 400 millions d’euros pour un projet d’inutilité publique.
On peut citer aussi un musée évalué à 61 millions d’euros selon une délibération du Département en date du 4 juillet 2000 et qui se construit pour une somme non définitive environnant les 350 millions d’euros, sans compter la démolition du boulodrome qui accueillait les plus grandes manifestations et sa reconstruction en banlieue nord.
La CRC n’a pas communiqué sur ces sujets. Est-elle interpellée, ne l’est-elle surtout pas, nul citoyen commun ne le sait. N’oublions pas que les CRC sont depuis 1983 le seul rempart contre le sacro-saint principe de liberté des collectivités locales. Il est important de conforter leurs moyens et s’assurer de leur indépendance. Il est tout autant important de réviser le CGCT pour limiter et partager les pouvoirs des chefs d’exécutifs, à tous niveaux, des collectivités.