Pascal Brice – président de la Fédération des acteurs de la solidarité
Les acteurs de la solidarité, associations comme collectivités, sont mobilisés, malgré des vents contraires qui ne cessent de se renforcer : d’un côté, une précarité croissante dans le pays ; de l’autre, des coupes budgétaires à l’aveugle, la stigmatisation des plus fragiles, les reprises en main bureaucratiques. La Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a voulu marquer sa vive inquiétude et sa combativité, en adoptant, le 20 juin,une résolution appelant à « faire vivre la solidarité face aux vents contraires ».
Les conditions d’intervention des associations comme des collectivités– singulièrement des départements et des centres communaux d’action sociale, dont nombre sont adhérents à la FAS – se détériorent, alors que les besoins des personnes en situation de précarité s’accroissent.
Notre pays reste parmi les plus protecteurs au monde, mais la pauvreté augmente et s’enracine. Le travail demeure une protection fondamentale, mais n’est plus une garantie.
Ministre de l’Intérieur
Face à cela, plus de la moitié des associations de solidarité ont une situation financière dégradée et au moins 25 % sont en extrême fragilité (1). Le pays court désormais le risque de perdre un précieux capital pour la lutte contre la pauvreté, la vitalité des territoires et la gestion des crises. A cela s’ajoute une banalisation des discours de stigmatisation et d’essentialisation des personnes en situation de vulnérabilité.
Tout en saluant la contribution active de membres du gouvernement et des administrations centrales et déconcentrées à la mobilisation contre la pauvreté, la FAS est contrainte de s’interroger sur la place qui incombe au ministre de l’Intérieur dans un tel climat. De plus en plus, des formes de raidissement dogmatique s’imposent au pragmatisme, seul adapté à des réalités humaines que les responsables d’associations comme les élus savent complexes.
C’est pourquoi la FAS a tenu à réaffirmer sa vigilance et sa combativité. Elle est pleinement consciente des nécessités de la maîtrise des déficits publics, qui imposent un niveau relevé d’exigence pour la mise en œuvre des politiques publiques de solidarité. Sa combativité, la FAS la tient des valeurs de solidarité qu’elle incarne partout dans les territoires aux côtés de ses adhérents et de ses partenaires, notamment des collectivités. Elle la tient de la vitalité de ces acteurs, et de son esprit de coopération avec les pouvoirs publics nationaux et locaux.
Faire vivre la solidarité
Face aux menaces qui pèsent, la FAS réaffirme son engagement à accompagner et unir les acteurs de la solidarité, à leur donner de la force afin de s’engager dans tous les espaces de coopération avec les pouvoirs publics nationaux et avec les collectivités, et de s’opposer, lorsque cela est nécessaire, à des dérives inacceptables au regard du droit. Elle entend faire valoir, avec les collectivités, la contribution essentielle de l’action associative et du travail social à la dignité des personnes, à la tranquillité publique, à la solidité du pacte social.
Faire vivre la solidarité, tenir bon, ensemble, coopérer, résister, construire pour avancer face aux vents contraires, telle est la perspective qu’ouvre la FAS pour reprendre le chemin de la réduction de la pauvreté et de la précarité.
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