Ces dernières années, l’indice de Gini (1), qui mesure les inégalités du niveau de vie pour une population donnée est reparti à la hausse, après une chute enregistrée pendant la crise sanitaire. En atteignant 0,294, il retrouve presque son niveau de 2018.
Si les cas de villes riches particulièrement inégalitaires comme Neuilly-sur-Seine (0,57 en 2021), Annemasse (0,43) ou Boulogne-Billancourt (0,45) sont régulièrement évoqués, qu’en est-il des communes où les taux de pauvreté sont les plus forts ? Autrement dit : les inégalités sont-elles moins fortes dans les communes “pauvres” que dans les communes “riches” ?
Dans son nouveau rapport sur la pauvreté en France, l’Observatoire des inégalités établit un classement des communes les plus pauvres du pays. Majoritairement situées dans les départements d’outre-mer et dans la banlieue parisienne, aucune n’a enregistré une baisse des inégalités sur son territoire entre 2012 et 2021.
Pour la moitié des 10 villes aux taux de pauvreté les plus forts, ces disparités de niveau de vie dans la population ont stagné entre 2012 et 2021. Pour d’autres, elles se sont accrues, jusqu’à + 10 % en une décennie.
Pour celles de France métropolitaine, l’indice de Gini moyen a augmenté de 3,90 % sur la période, atteignant 0,436 en 2021.
La moitié des communes où les taux de pauvreté sont les plus forts se trouvent dans les départements d’outre-mer. Faisant l’objet de situations particulières, difficilement comparables aux villes de la métropole, leur indice de Gini moyen se SITUE environ à 0,52 en 2021, après une augmentation moyenne de 3,20 % depuis 2014 (première année fournissant les données). Pour trois d’entre elles, l’indice est resté stable à un niveau particulièrement élevé, puisqu’elles dépassent la barre des 0,5.
Si l’on ne retrouve aucune petite ville, en termes de population, parmi ce classement, c’est parce que plus une ville est grande, plus elle a des chances de témoigner de fortes inégalités au sein de sa population. En effet, l’Observatoire des inégalités expliquait en 2018 que les communes de taille importante ou moyenne attirent “une population aisée, tout en intégrant une population plus défavorisée, via la construction de logement sociaux notamment”.
Une première analyse pourrait conduire à penser que les communes aux indices de Gini élevés indiquent une cohabitation des ménages riches et pauvres au sein d’une même commune, signe d’une mixité sociale forte. Mais il apparaît en réalité que ce mélange n’a que rarement lieu dans les quartiers, comme le démontrait Le Monde dans une cartographie publiée fin novembre. “Au sein des villes, les populations les plus modestes et les plus aisées ont tendance à se séparer les unes des autres et à se regrouper entre elles”, détaillait l’Insee dans son rapport annuel sur les revenus et le patrimoine des ménages français.
Les villes les moins pauvres, plus égalitaires ?
Pour les 10 villes aux taux de pauvreté les plus bas (les villes “riches”), l’indice de Gini se trouve en moyenne à 0,37, en 2021. Bien que tirée vers le haut par Saint-Cloud (92), seule commune du classement dépassant la barre des 0,4, la moyenne reste inférieure de 0,10 points aux villes les plus pauvres, évoquées précédemment.
Un résultat qui témoigne d’une plus grande homogénéité des revenus dans les communes où les pauvres sont moins nombreux. Cependant, l’accroissement des inégalités s’y dessine de manière plus significative, avec une évolution moyenne de 4,9 % entre 2012 et 2021 (contre 3,55 % dans les communes aux taux de pauvreté les plus forts).
A contrario des communes les plus pauvres, deux parmi celles aux taux les plus bas enregistrent une baisse des inégalités sur leur territoire : Maisons-Laffitte (78) : 0,39 (- 2,5 % depuis 2012) et Sèvremoine (49) : 0,26 (- 14 % depuis 2012).
Mais pour Saint-Cloud (92), à + 15 % et Le Chesnay-Rocquencourt (78), à + 26 %, elles se sont creusées à un niveau que n’atteint aucune des communes les plus pauvres, expliquant la moyenne plus forte pour les communes “riches”.
Dans ces territoires à l’évolution des inégalités la plus défavorable, elle peut, selon une analyse du Centre de Recherche sur les Inégalités Sociales (CRIS) de Sciences Po, en partie s’expliquer par l’arrivée dans la commune d’habitants aux revenus plus élevés, entraînant une revalorisation du logement, souvent au détriment des habitants les plus modestes.
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Notes
Note 01 l'indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique permettant de rendre compte du niveau d'inégalité pour une variable et sur une population donnée. Il varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité extrême). Entre 0 et 1, l'inégalité est d'autant plus forte que l'indice de Gini est élevé. Retour au texte