Désintéressés, non. Contraints, oui ! Les jeunes de 16-25 ans éloignés de la chose sportive mettent surtout en avant de nombreux freins pour expliquer leur absence de pratique, plutôt qu’une franche aversion au sport. Ce constat émane d’une étude réalisée dans le cadre du baromètre Crédoc/UCPA (1), entre décembre 2019 et mars 2021, auprès de jeunes non-pratiquants.
Ces derniers représentent un quart des 16-25 ans soit une population d’environ 8 millions de personnes, en France. Pour expliquer leur éloignement, ces jeunes adultes insistent sur trois motifs principaux : le manque de temps (45%), les contraintes financières – 30% des interrogés estiment que pratiquer un sport « coûte trop cher » – et l’absence d’équipements de proximité.
Ce dernier point interpelle particulièrement les collectivités territoriales, propriétaires de huit équipements sportifs sur dix. « L’inadéquation entre l’offre sportive freine environ un jeune sur cinq », mentionne le sociologue Jörg Müller, auteur de ce travail. Ils citent « la mauvaise disponibilité, accessibilité ou adaptation des équipements sportifs ou encore des offres en inadéquation avec le niveau de pratique. Ce que les clubs et associations proposent ne correspond pas aux attentes ou centres d’intérêt ». Résultat : « 11 % se tournent ainsi vers d’autres activités de loisirs (jeux vidéo, musique, etc.) qui leur semblent plus facilement accessibles et en adéquation avec leurs capacités individuelles ».
Lever les freins liés au genre
Les résultats, qui pointent aussi des « différences de freins marquées, selon le genre », rappellent que les équipements sportifs doivent également être pensés pour tous et toutes ! En effet, les femmes évoquent plus volontiers les contraintes familiales, le fait de n’avoir personne avec qui pratiquer et la « gêne à exposer leur corps au regard des autres », tandis que les hommes insistent sur le fait d’« avoir d’autres centres d’intérêt ou ne pas aimer l’ambiance ».
Géographe et cartographe indépendant, Grégoire Quelain rappelle (2) que « l’organisation de la pratique sportive est définie par rapport au modèle masculin. Il y a un enjeu de prise en compte de la variable ‘genre’ dans les politiques d’aménagement des espaces sportifs de proximité ». Et de citer quelques initiatives susceptibles de favoriser la pratique féminine : « intégrer l’environnement autour de l’espace de pratique », mais aussi la présence d’un éclairage et de toilettes !
La bonne nouvelle ? « Plus de deux-tiers des peu ou non-pratiquants aimeraient faire davantage de sport », complète l’auteur, qui fait notamment référence à l’envie « de nature » et « d’air frais », suite à la crise sanitaire. Mais surtout à l’objectif de « se sentir bien et d’être en bonne santé ». Le fitness, la course à pied, la natation, la danse et encore le football et le basket-ball figurent en tête des pratiques qui attireraient ces jeunes éloignés de la pratique. Aux collectivités, entre autres acteurs, de contribuer à lever les freins.
Thèmes abordés
Notes
Note 01 Baromètre CRÉDOC/UCPA (auprès d’un échantillon représentatif de 1000 jeunes) sur les pratiques sportives des 16-25 ans, édition spéciale « non-pratiquants », 2019/2021 Retour au texte
Note 02 Pratiques sportives féminines et espaces publics des quartiers : Les défis d’une approche égalitaire- Webinaire ANCT/IREV Hauts-de-France/CNV, 5 avril 2022 Retour au texte