Le ministre de l’Energie Eric Besson a confirmé mercredi 28 septembre la généralisation à l’ensemble du territoire de l’implantation du compteur communicant Linky. Le déploiement se fera sur plusieurs années, à partir de 2013. Cette annonce ne suscite pas l’enthousiasme des collectivités et des associations de consommateurs.
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En levant ce qu’il a lui-même qualifié de « faux suspense », c’est-à-dire l’installation du compteur communicant Linky chez chacun des 35 millions d’abonnés à l’électricité en France, le ministre de l’Energie a confirmé ce qui semblait acquis à tous les protagonistes du dossier… dès le lancement en 2010 de l’expérimentation en Indre-et-Loire et dans l’agglomération lyonnaise.
Qualifiée de « succès » par Eric Besson, ce test justifie donc un déploiement sur l’ensemble du territoire. Et cela, a-t-il promis, « va profiter en tout premier lieu au consommateur ». Ce dont doutent les organisations de… consommateurs et les collectivités concédantes.
Vraiment « acteur de sa consommation » ? – En rendant possible relève et autres interventions à distance, le futur compteur « va faciliter la vie des Français et leur permettre d’être acteurs de leur consommation », assure le ministre.
Si le premier point ne soulève pas de contestation, le deuxième suscite des questions. Car si Eric Besson promet à l’abonné « une offre gratuite de services suffisamment étoffée » pour suivre sa consommation, les associations la jugent « insuffisante et peu utile » pour pouvoir réellement agir sur sa consommation. La CLCV redoute ainsi qu’il faille en définitive « payer » pour consommer moins et elle imagine, à l’avenir, « une jungle tarifaire aussi illisible que dans la téléphonie mobile ». Ce qui profiterait aux fournisseurs plutôt qu’aux clients.
Une gratuité si gratuite que cela ? – Le déploiement du nouveau compteur « sera gratuit pour le consommateur », garantit aussi le ministre. Car il sera intégralement financé par ERDF à travers les gains de productivité réalisés par la filiale d’EDF grâce, précisément, à Linky.
La CLCV en doute car « tout porte à croire, dit-elle, que le consommateur paiera via une hausse de la part du transport (TURPE) sur sa facture ».
Les autorités concédantes n’y voient, elles, pas d’inconvénient et trouvent même « normal que le consommateur participe, mais dans la mesure où il bénéficie d’avantages financiers en contrepartie », comme le soulignait, tout en affichant son scepticisme, le Syndicat intercommunal d’énergies d’Indre-et-Loire (SIEIL) pendant la concertation sur le projet.
La question de la propriété des compteurs reportée – Enfin, sur la propriété des futurs compteurs, dont les autorités concédantes ne cessent de répéter que, comme les compteurs actuels, ils « constituent un bien inaliénable » de la concession, les collectivités n’ont pas été rassurées par le ministre. Lequel s’est contenté d’affirmer n’avoir pas l’intention de changer la loi « à ce stade », en appelant à un « dialogue » entre les collectivités, ERDF et le régulateur de l’énergie (CRE) « pour définir une solution qui fasse consensus ».
Un consensus dont il est aujourd’hui bien difficile d’imaginer les contours tant les positions sont éloignées. Les autorités concédantes, soucieuses de protéger leur patrimoine, soupçonnant leur concessionnaire de « manœuvrer » pour s’en approprier un morceau.