Le séparatisme, « faire société à part », selon François Héran, sociologue, anthropologue et démographe, est une « vieille hantise », déjà présente dans le monde gréco-romain à propos de la communauté juive. Vanessa Codaccioni, maîtresse de conférences en science politique, en donne le sens historique, une « volonté d’atteinte à l’intégrité et à l’unité du territoire national ».
Le Centre national des ressources textuelles et lexicales précise qu’elle est, sur le plan politique, « attribuée à un groupe humain, géographiquement localisé et possédant une homogénéité ethnique, linguistique ou religieuse réelle ou supposée et une tradition historique commune », dont l’objectif est de « constituer une entité politique autonome ».
À propos des luttes d’indépendance dans les colonies françaises, Charles de Gaulle l’assimile à « l’autonomisme ». Cette acception évolue aujourd’hui, en lien avec la défense des valeurs républicaines et de la laïcité. « Dénoncer l’existence d’un « séparatisme » permet de désigner un ennemi », explique l’historien Nicolas Lebourg.
Son usage « permet de renvoyer vers l’idée d’un ennemi intérieur, de poser la question en termes sécuritaires », et, en dernier lieu, de « judiciariser un phénomène » quand le communautarisme ne peut l’être, faisant partie des « libertés démocratiques fondamentales ».
François Héran ajoute que le séparatisme n’est pas spécifiquement le fait des minorités immigrées et des minorités religieuses. Il s’appuie sur le travail d’Éric Maurin, économiste et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, pour affirmer que la « volonté de fuir les autres et d’échapper aux couches sociales inférieures » est « un mécanisme général ».
Ce phénomène commun à toutes les composantes de la société caractérise un séparatisme social qui attaque de toutes parts les capacités d’intégration de la République.