L’acte I de la décentralisation de 1982-1984 a placé le département en première ligne. L’acte II de 2004 l’a promu au rang de chef de file de l’action sociale et médicosociale. Dans le dédale des compétences territoriales, les politiques sociales constituent aujourd’hui le cœur de l’activité des départements. Mais on sait que leur financement exacerbe la tension entre État et départements dès lors que le poids des seules allocations augmente. Un risque grandissant pèse sur les départements : n’être qu’un hygiaphone. Sans maîtrise sur les allocations sociales qu’ils financent et dont le montant et les critères d’accès leur échappent. C’est le risque inhérent à la prolifération de prestations légales, organisées uniquement en droits.
Plus sourd, un autre danger guette. À oublier la contrepartie des droits que sont les devoirs – qui génèrent l’engagement, la responsabilité et donc la dignité – on menace l’équilibre fragile du contrat social. Il faut oser le dire : le toujours plus d’allocations est un leurre. Ce qui menace véritablement notre pacte républicain, c’est la relégation des populations les plus vulnérables. Asphyxier le département financièrement, c’est l’empêcher, à terme, d’accompagner celles et ceux qui en ont réellement besoin. Soit l’on préserve cette collectivité de proximité disposant des moyens de sa politique (financiers, organisationnels, réglementaires), soit l’on casse le bloc cohérent des compétences sociales, avec des conséquences inévitables sur la cohésion sociale. Le département est un vecteur de développement social. Qui peut le contester ?
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