La loi du 10 juillet 2014 habilitant le gouvernement à légiférer par ordonnances en matière d’accessibilité avait franchi sans trop d’encombre le cap préalable du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH). Ce dernier s’était contenté de « prendre acte » de la volonté du gouvernement d’accorder aux établissements recevant du public des délais supplémentaires via les agendas d’accessibilité programmée (Adap) et « d’adapter » les obligations des transports publics. En revanche, le 10 juillet, ce même CNCPH a littéralement taillé en pièces les projets d’ordonnance et de décrets qui lui ont été soumis : il a émis un avis défavorable qui dénonce les délais de procédure et de réalisation « excessifs et à rallonge » des Adap, « l’insupportable surexposition des difficultés financières», « l’enterrement de première classe » des objectifs de la loi du 11 février 2005 en matière de transports, et la création d’un quatrième motif de dérogation : le refus de la copropriété, qui n’aura même pas à être motivé et pourra concerner tous les aménagements même moins lourds que l’installation d’un ascenseur… .
Lobbying
Etudes de notaire, cabinets d’avocats ou de mĂ©decins installĂ©s dans un immeuble Ă©chapperaient Ă toute contrainte. En off, les associations y voient le rĂ©sultat du lobbying des professionnels libĂ©raux, et en particulier des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes. Pourtant, le rapport de Pascal Jacob du 6 juin 2013 soulignait que l’accès aux soins des personnes handicapĂ©es Ă©tait un vĂ©ritable enjeu de santĂ© publique. Et plus rĂ©cemment, le 20 juin, dans un rapport au titre ambitieux « ZĂ©ro sans solution : le devoir collectif de permettre un parcours de vie sans rupture, pour les personnes en situation de handicap et pour leurs proches », Denis Piveteau suggère « de structurer, autour d’un cahier des charges prĂ©cis en termes de formation, de dĂ©lais, d’adaptation des locaux et d’accueil des accompagnants, un dispositif d’accès aux soins primaires prioritairement appuyĂ© sur les structures libĂ©rales d’exercice coordonnĂ© ». A condition qu’elles ne soient pas dans une copropriĂ©tĂ© ?
Contrepied
Il est Ă noter que la Commission consultative de l’Ă©valuation des normes (CCEN) a rendu aussi, le 24 juin, un avis dĂ©favorable au projet d’ordonnance mais pour des raisons diamĂ©tralement opposĂ©es. Elle y regrette » un excès de prĂ©cision » et lance un « appel solennel au discernement pour une application des règles relatives Ă l’accessibilitĂ© proportionnĂ©e aux moyens financiers des collectivitĂ©s locales ». Une position qui correspond Ă celle du PrĂ©sident de l’Association des maires de France (AMF).
Le projet d’ordonnance, qui pourrait être remanié, doit être présenté en conseil des ministres courant septembre.
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