La grille Fragire, en apportant aux trois régimes un outil d’évaluation commun, vise à réduire les inégalités de traitement entre les assurés qui, selon qu’ils relèvent d’un régime plutôt qu’un autre, ne bénéficient pas des mêmes services.
Complémentaire
Cette grille se veut également complémentaire de la grille nationale Aggir utilisée par les conseils généraux pour évaluer le degré de perte d’autonomie d’une personne âgée dans l’accomplissement de ses actes quotidiens (1). « Le projet de réforme territoriale a un peu bloqué nos avancées mais l’idée de cette grille est travaillée en partenariat avec l’ADF (Association des départements de France), avec qui nous réfléchissons aussi à la mutualisation des actions collectives comme les ateliers ‘bien vieillir’» , précise Bernard Tapie, directeur adjoint maladie et action sociale à la Carsat Bourgogne Franche-Comté. Il estime qu’il est trop tôt pour dire si la grille Fragire sera, ou non, transférée aux départements.
Prévenir
La grille Fragire, en effet, prend en compte l’adaptation du logement, le lien social, les capacités cognitives ou encore les signes de dépression qui ne figurent pas dans les critères de la grille Aggir. « Ce sont pourtant des déterminants dans la perte d’autonomie » qui, s’ils sont ignorés des évaluateurs, « passent à côté de la dimension préventive que la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement, en préparation, veut encourager », indique Albert Lautman au cours du conseil d’administration de la Carsat Bourgogne Franche-Comté, le 18 juin. Il était invité comme « témoin » au titre de sa mission d’ancien conseiller au cabinet de la ministre déléguée en charge des Personnes âgées et de l’autonomie, Michèle Delaunay.
« Les critères d’éligibilité à l’aide sociale, aujourd’hui, ne permettent pas d’être sûr que l’on aide ceux qui en ont le plus besoin, illustre-t-il. Une personne peut être GIR 6 mais, si elle est veuve, avec le minimum vieillesse et dans un logement isolé, sa situation peut être plus compliquée que celle d’une personne GIR 5 vivant en centre-ville. »
18 items
Concrètement, la grille Fragire se présente comme « un outil d’évaluation robuste » à « administrer » au domicile des personnes âgées « dans un temps relativement court », détaille Vanessa Bailly, directrice du pôle de gérontologie interrégional (PGI) de Bourgogne Franche-Comté. Le PGI, qui en est le concepteur, s’est appuyé sur un groupe d’experts : des cliniciens des CHU de Dijon et de Besançon, des chercheurs à l’université et des professionnels de l’action sociale.
La grille compte 18 items (16 questions et deux tests dont un test sur la vitesse de marche). Les questions sont présentées de manière simple. Un exemple : « ces dernières semaines, avez-vous des difficultés à faire certains efforts physiques pénibles comme porter un sac à provisions chargé ou une valise ? » Les personnes interrogées répondent par « pas du tout, un peu, assez ou beaucoup ». Un programme informatique calcule le « score ». « La grille permet à la fois de voir ce qu’une personne peut faire et ce qu’elle risque de ne plus faire demain », souligne Bernard Tapie.
Thèmes abordés
Notes
Note 01 La grille Aggir classe les personnes âgées en GIR. Le GIR1 correspond au plus haut niveau de dépendance tandis que le GIR6 correspond à la pleine autonomie dans les actes de la vie quotidienne. Les personnes classées GIR1 à GIR4 bénéficient de l’aide sociale du conseil général pour financer, notamment, toute l’aide à domicile. Les personnes les plus autonomes (GIR5 et GIR6) relèvent, elles, de l’aide sociale délivrée par leur régime de retraite qui finance également l’aide à domicile. Retour au texte