Dans le monde de la santé, la chercheuse Danièle D’Amour décrit deux versions de la coopération. Une « faible », dans laquelle elle n’est que « meilleure coordination des actes de travail » visant à améliorer les passages de relais et les dialogues. La coopération maintient alors la séparation des tâches et entretient le principe de non-partage des responsabilités.
À l’opposé, la version forte a pour but de travailler ensemble, c’est-à-dire de « construire et développer un espace d’intersubjectivité, de compréhension réciproque ». Le sociologue Guy Le Boterf la conditionne à la nécessité d’une mission commune et à la répartition, par le groupe, des activités à réaliser. C’est l’acception de l’effet induit et de l’efficacité contenue dans l’operare latin. Il ajoute une catégorie intermédiaire, la collaboration, où la mission est commune mais les activités indépendantes.
« Il y a donc coopération lorsqu’un groupe accomplit une action qu’il avait l’intention collective d’accomplir », explique Cédric Paternotte, maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne. Les philosophes Sabine Collardey et Samuel Lepine notent aussi qu’il y faut la volonté des coopérants, prêts à promouvoir « l’intérêt commun au détriment de leur intérêt personnel immédiat, dans un horizon d’incertitude quant à la participation des autres ».
Et c’est en surmontant cette incertitude, observent les philosophes Pierre Livet et Frédéric Nef, « par la recherche de reconnaissance sociale par les individus qui y ont pris part » que la confiance à l’égard de l’individu coopérant est générée, « permettant ainsi de fonder avec les autres un système d’attentes réciproques ». Yvon Pesqueux, professeur de sciences de gestion, le résume en un binôme cause-conséquence « parce qu’il y a confiance, il y a coopération et vice-versa ».