Le dispositif français, marqué par une complexité de gestion unique en Europe, repose sur près de 200 000 bénévoles associatifs et les 260 millions d’euros que les CCAS-CIAS injectent, sous diverses formes, chaque année dans cette politique, et sans compter les financements européens, nationaux et privés.
Ce rapport, qui s’inscrit dans la lignée des conclusions des États généraux de l’alimentation, aurait pu passer inaperçu tant les enjeux et les besoins liés à la précarité alimentaire paraissent couverts par les politiques et associations jusqu’à ce que le confinement révèle, du moins médiatiquement, la faim et les difficultés d’accès à l’alimentation pour bon nombre de nos concitoyens par plusieurs articles et émissions consacrés au sujet.
Alors que faire ? Continuer à développer et renforcer un système complexe et coûteux, un système parallèle pour les plus pauvres, un circuit d’urgence comme principale solution aux situations de précarité alimentaire pas toujours adapté aux besoins qualitatifs et quantitatifs, souvent humiliant pour les « bénéficiaires » comme le soulignait l’étude « se nourrir lorsqu’on est pauvre » d’ATD-Quart Monde en 2016.
Ou bien, repenser l’accès à l’alimentation digne et durable pour tous en rendant effectif le droit à l’alimentation inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948.
Il est aujourd’hui nécessaire de permettre à chacun d’être acteur de son alimentation par le respect de ses choix et de ses besoins quels que soient ses revenus. Achats groupés de produits locaux, magasins coopératifs et solidaires, accès à la terre et à la possibilité de cultiver sa nourriture… il existe de multiples expériences qui tentent de repenser l’accès à l’alimentation et l’aide alimentaire en particulier, avec toujours l’idée de ne plus considérer les personnes comme des « bénéficiaires » d’actions alimentaires mais des citoyens acteurs de leur alimentation ayant droit au choix, au respect de leur dignité et à leur pleine participation dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des actions.
À nous, acteurs de l’action sociale, de continuer à porter ce sujet.