L’étymologie indique qu’il s’agit d’aller « par-delà » (trans) la « forme » (formo). Berlet ajoute que « la formation correspond à l’acte de donner forme à une matière préexistante ». Le psychanalyste Fernando Riolo souligne « la présence d’éléments invariants entre l’état initial et l’état final ». Comme en mathématique où ce passage d’une forme à une autre nécessite une « certaine loi de manière que l’une découle de l’autre et réciproquement » (CNRTL), la transformation sociale suppose un point de départ et un point d’arrivée, et une « loi » pour passer d’un ordre à un autre.
« La transformation tient au paradigme de l’ordre » (Wagener). L’opération peut procéder d’un « ordre par le haut », action découlant d’une volonté politique reliant « intention politique et organisation collective ». Elle se réalise par « agrégation de réformes partielles qui change l’ordre », ou « par décomposition du changement de l’ordre en réformes affectant les systèmes partiels », selon Wagener qui considère que « la transformation requiert un concours actif du corps social ». L’organisation sociale peut aussi se transformer sous l’impulsion d’un ordre par le bas, résultat d’une « action constante d’éducation, d’organisation, d’agitation, de résistances, de luttes et de solutions alternatives » (de Lépinay).
La conscience des éléments invariants de la transformation et de son origine est centrale dans le phénomène, pour l’acceptation de l’« écart » entre l’avant et l’après (Riolo). Elle permet de nourrir la recherche d’un contrat social ancré sur des bases solidaires, équitables, éthiques, écologiques et citoyennes. À défaut, la recomposition sociale, résultat d’un ordre par le haut, risque fort de se transformer en décomposition.