Billé y voit une dépendance à autrui pour survivre. Elle rend tributaire, hier de la charité et de l’aumône, aujourd’hui de l’État et des dispositifs sociaux. Étymologiquement, précaire n’est-il pas ce qui est « obtenu par prière » (precarius).
Des catégories traditionnellement visées – femmes, personnes peu qualifiées, immigrés – la précarité s’est étendue à tous les groupes sociaux dans un « sentiment diffus » d’« insécurité sociale » (Le Coz).
Dans le travail, le logement, la santé, dans les relations familiales, sociales et les rapports citoyens, ou en ce qui concerne le capital financier, économique et culturel, la précarité place l’humain dans l’incertitude de son avenir et un sentiment d’impuissance à agir sur sa vie.
Selon Paugam, c’est « une épreuve » qui « renvoie au processus d’affaiblissement des liens de l’individu à la société au sens de la double perte de la protection et de la reconnaissance sociale ». « Une défaite sociale du soi », pour Le Blanc.
« Processus d’invisibilité sociale » (Le Blanc) et « processus de disqualification sociale » (Paugam), la précarité ne se combat que dans une logique à l’échelle de l’humain. Le Coz réclame « une réflexion philosophique sur le sens de la vie humaine, une interrogation du rapport d’un être humain à ses semblables, à sa culture ». Dans cette perspective, il insiste sur l’importance de l’éducation, de l’apprentissage de la civilité et de l’accès à la culture.
Analysant la précarité sous l’angle de l’altérité et de la temporalité, il invite à se placer sur le terrain de « l’ouverture à un avenir porteur d’espoirs et de rencontres avec […] les autres » : « la réponse au défi contemporain de la précarité devra dépasser le cadre strictement budgétaire ».
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