La philosophe juge la confiance à la fois « fondamentale », pour créer des relations humaines, envisager l’avenir, « bâtir un projet qui se développe dans le temps », et dangereuse par le risque de « trahison » qu’elle représente.
Au-delà de la foi placée en une personne, le mot désigne, relève Flavien Le Bouter, le crédit accordé notamment à « un système social général, une institution, un système technique ou expert, une organisation ».
Citant Georg Simmel qui y voyait « l’une des forces de synthèse les plus importantes au sein de la société », le chercheur qualifie la confiance de « fondement de l’ordre social », rendant possibles et structurant les relations sociales. Cette fonction au service de la cohésion sociale oblige à considérer, avec Niklas Luhmann, la confiance envers les systèmes fonctionnel, économique, scientifique ou politique, et leurs médias respectifs, l’argent, la vérité et le pouvoir.
Anthony Giddens souligne le « rôle décisif joué par les points d’accès » pour la gagner : l’attitude des représentants de ces systèmes abstraits et experts doit démontrer leur fiabilité personnelle pour créer une confiance systémique « re-personnalisée » et réduire la défiance citoyenne.
La confiance requiert l’extrapolation du futur ; l’incertitude due à « l’insuffisance d’informations » en justifie le besoin. Pour Talcott Parsons, elle peut combler le fossé de compétences entre l’expert et le profane quand il devient impossible de maîtriser des situations complexes.
À ce compte-là, la confiance dans la vie démocratique ne siègerait-elle pas dans une communication loyale, un espace où l’identification des problèmes et l’élaboration de solutions avec les citoyens sont rendues possibles, pour une prise de risques partagée ?