Justifié par une certaine vulnérabilité à faire seul, l’accompagnement pose l’existence d’un binôme paritaire, et temporaire, dans lequel l’accompagnant est le second, le « suivant ».
Dans la double sémantique de la relation et du cheminement, le « avec » est la condition du « vers » et la praxis d’accompagnement suppose que « l’autre ou les autres sont visés comme êtres autonomes et considérés comme l’agent essentiel du développement de leur propre autonomie » (Castoriadis).
L’accompagnement convoque l’existentialisme de Sartre – « l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait » – et ne laisse place ni au déterminisme du fatum, ni à la procédure, dictature de la société sur l’individu. L’homme est capable et vulnérable, pensait Ricœur.
Cette double caractéristique fonde l’accompagnement. Visant l’émancipation des accompagnés, il met en œuvre leur capacité à décider dans l’action.
Le libre arbitre, la liberté et l’autonomie de l’accompagné se trouvent ainsi au cœur des préoccupations de l’accompagnant, à qui il revient, selon Martine Beauvais qui cite Lerbet, d’inventer des conditions susceptibles de favoriser chez l’autre l’actualisation de son milieu et l’élucidation de son environnement.
Cette démarche suppose un processus qui intègre l’interactivité, la surprise du « cheminer ensemble », la possibilité d’essayer, de se tromper et de recommencer.
L’accompagnement remédie – porte remède – à la « désaffiliation » identifiée par Castel. Éric Delassus l’explique à propos du malade : il sert à « penser sa condition, […] se penser et à dépasser les illusions qui […] font souffrir et qui redoublent les souffrances […] ». Il permet de s’autoproduire.