Client sur un marché ou usager responsable, qui est le patient ? D’abord objet de soins, il revêt un habit neuf avec Georges Canguilhem. Le philosophe-médecin amorce une des premières réflexions faisant du patient un sujet de soins, approche qui sera développée dans les années 1950.
Les sciences sociales avec l’autonomisation et l’individualisme, proposent un patient, acteur de sa maladie, et, dans les dernières décades du xxe siècle, les questionnements autour de la recherche et les revendications d’associations de malades participent de la naissance d’une éthique médicale qui reconnaît des droits au patient.
La loi du 4 mars 2002 les concrétise, y ajoutant le concept de démocratie sanitaire.
Cette évolution ne change en rien le besoin primitif. L’homme malade qui souffre trouve le remède dans la « machine à guérir » de Michel Foucault, technicisée, administrée et sécularisée. Pourtant, cette place donnée au patient impose de s’interroger sur la signification des soins et « l’écart » entre moyens mobilisés pour « faire des soins » et le sens des fins du « prendre soin » (1). Elle invite aussi à réfléchir aux « implications juridiques, politiques et sociales de l’individualisme » (2).
Avec la « philosophie du soin », Jean-Philippe Pierron en appelle « à la reconnaissance de l’humanité de l’homme malade » en sus de la connaissance thérapeutique. Céline Lefève retient un patient actif dans la vie et dans le soin vu comme une « relation intersubjective pour soulager la souffrance ».
Cette affirmation de l’individualité du patient, « considéré dans sa globalité et sa singularité aux plans biologique, psychologique et social », lui restitue son pouvoir propre et son point de vue hors de toute objectivation. Un patient citoyen ?
Thèmes abordés
Notes
Note 01 Jean-Philippe Pierron, « Vulnérabilité, Pour une philosophie du soin », Paris, Presses universitaires de France, collection « La Nature humaine », 2010. Retour au texte
Note 02 Céline Lefève, « La philosophie du soin », in « La Matière et l’esprit », n° 4, université de Mons-Hainault, avril 2006. Retour au texte