La France vieillit. 21,5 % de la population a plus de 65 ans et une personne sur dix plus de 75 ans. En 2050, les personnes de plus de 85 ans seront trois fois plus nombreuses qu’aujourd’hui, selon l’Insee. Du fait de l’augmentation du nombre de centenaires et même de super-centenaires, la part des plus anciens s’étagera sur près de 50 ans, de 65 à 115 ans, soit une plage d’âges plus large que celle des actifs.
La France vieillit, et nombre d’acteurs de terrain, associations des solidarités, de sociologues et d’économistes dénoncent ce qui est à la fois le déni de réalité et le refus d’obstacle qui conduisent à l’immobilisme politique. Il s’agit pourtant là d’un des plus grands défis actuels. Quelles qu’en soient les causes – l’incapacité à décider le type de ressources à mobiliser pour un accompagnement de la perte d’autonomie pour tous ou encore le culte de la performance qui amène à écarter et à invisibiliser les plus vulnérables comme étant faussement « improductifs » –, le sujet est sans cesse remis au second plan de l’agenda politique. Et que dire de la stigmatisation envers des concitoyens dont il se dit souvent qu’ils ont surtout bien profité de la vie. Faire société, ce n’est pas opposer les vieux et les jeunes, les actifs et les inactifs, c’est considérer chacun à sa juste valeur.
Politique de temps long
Ce sujet exige pourtant une politique de temps long, avec des budgets pérennes et robustes, avec une organisation des politiques publiques qui sorte d’un enchevêtrement inefficace et avec un refus de la marchandisation du Grand âge. Si quelques pas en avant ont été permis par la loi « Bien vieillir » de 2024, celle-ci n’a pas, loin de là, réglé les questions essentielles. Le gouvernement précédent annonçait un « Plan grand âge » qui devait être présenté cet automne. Personne n’est aujourd’hui en capacité de dire si, une fois de plus, ces mots se traduiront dans les faits.
La France vieillit, et si cela pose des problèmes non résolus, ce fait doit aussi être pris d’un versant positif. C’est sur ce constat que le Conseil de l’âge du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) vient de rendre public un rapport sur « la participation et la contribution économique, sociale et environnementale des seniors ». Une démarche qui vise entre autres à renouveler la perception du vieillissement en combattant les stéréotypes âgistes. Il en ressort que, loin des idées reçues, nos concitoyens de 65 ans et plus sont des acteurs essentiels de la société, à la fois créateurs de valeur, solidaires et engagés.
Des promoteurs des liens intergénérationnels
Beaucoup doivent, y compris celles et ceux qui ont de faibles pensions, concourir à la vie de leurs enfants et petits-enfants, auprès desquels ils sont très présents. De la même façon, ils se mettent au service de leurs propres parents quand ils les ont encore. Ainsi sont-ils les protagonistes et les promoteurs des liens intergénérationnels indispensables à l’équilibre de toute société, comme la Semaine Bleue le rappelle chaque année en octobre. Ils sont aussi, au sens propre, une « génération sandwich » devant soutenir ceux qui les précèdent et ceux qui les suivent.
Les aînés assument, par ailleurs, des responsabilités dans des associations de toutes sortes, quand bien même le report de l’âge de départ à la retraite expliquerait une baisse de leur engagement ces dix dernières années (1). Ils sont également les piliers du fonctionnement de nombreuses municipalités. Ils continuent, à bien des égards, à contribuer à l’emploi, à la richesse nationale et au financement de la protection sociale.
Et s’ils ont vécu une époque où le climat n’était pas une priorité, il est faux de dire que, majoritairement, ils n’ont pas conscience que le changement climatique est à l’œuvre et qu’ils peuvent prendre leur part aux évolutions nécessaires.
Autant de raisons qui doivent pousser le nouveau gouvernement à gérer d’un même tenant les transitions démographique, écologique, sociale mais aussi numérique, pour adapter notre société au vieillissement, ou plutôt aux multiples vieillesses. C’est un nouveau contrat social entre les générations qu’il faut bâtir. Cela rend d’autant plus nécessaire de considérer et de valoriser le rôle des personnes âgées dans la société.
L’Uniopss est une association loi 1901 reconnue d’utilité publique. Elle réunit l’ensemble des associations des solidarités et de la santé, engagées aux côtés des personnes vulnérables et fragiles (personnes âgées, personnes malades, en situation de handicap, de précarité, jeunes en difficulté…) dont elle porte la voix collective auprès des pouvoirs publics. Présente sur tout le territoire au travers d’un réseau d’unions régionales et d’une centaine de fédérations et d’associations nationales, l’Uniopss regroupe près de 35 000 établissements, 750 000 salariés et un million de bénévoles.
Créée en 1951 et coordonnée par l’Uniopss, la Semaine Bleue est la semaine nationale des retraités et des personnes âgées. Elle met en lumière les contributions de tous les « vieux », quels que soient leur âge et leur niveau d’autonomie, à la vie économique, sociale et culturelle de notre pays. Elle insuffle un nouveau regard sur le vieillissement en diffusant une représentation positive de leur rôle dans notre tissu social, renforce les liens entre les générations et nourrit la solidarité auprès des plus fragiles. Elle se tiendra cette année du 6 au 12 octobre.
Thèmes abordés
Notes
Note 01 Étude France Bénévolat / IFOP Mars 2025 avec le soutien du Crédit Mutuel Retour au texte