2,9 milliards d’euros : ce sont les économies attendues du système de santé en 2015. Comment y parvenir sans dégrader la qualité des soins et l’état de santé de la population ? L’assurance maladie vient de livrer ses propositions dans son rapport charges et produits pour l’année 2015, souvent suivies par le gouvernement lors de l’écriture du projet de loi de financement de la sécurité sociale, à l’automne.
Elles divisent déjà puisque le conseil de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnamts) les a rejetées, jeudi 3 juillet, par 21 voix contre et 13 voix pour. Deux syndicats ont voté pour (la CFDT et la CFTC), ainsi que la Mutualité Française et les représentants des usagers (le Ciss).
Contre ces propositions d’économies, il y a en réalité deux camps distincts. D’un côté, les syndicats CGT et FO qui jugent « excessives les économies demandées », explique Michel Régereau, le président (CFDT) de la Cnamts. De l’autre côté, l’ensemble du patronat (Medef, CGPME et UPA) considère que « l’ambition d’économies et de réforme du système de santé est insuffisante », poursuit-il.
Effort sans précédent
C’est pourtant un effort sans précédent qui est demandé au système de santé : en 2015, les dépenses de santé vont augmenter de +2,1 % seulement, un taux très inférieur à la croissance naturelle des dépenses de santé, évaluée par l’assurance maladie à + 3,7 %. Le choix du gouvernement de ne pas procéder à des déremboursements, mais plutôt de dégager des « marges d’efficience » (le système de santé doit gagner en efficacité) a été validé par le Conseil de la Cnamts.
C’est bien dans ce sens qu’a travaillé l’assurance maladie. Parmi ses 25 propositions, nombreuses sont celles qui cherchent à réduire des différences de pratiques sur le territoire : la durée de séjour à l’hôpital suite à la pause d’une prothèse de hanche ou de genou est par exemple très variable, et pourrait être réduite à 6 jours (85 millions d’euros d’économies). Et suite à ces opérations, la rééducation à domicile, plutôt qu’en établissement de soins de suite et de réadaptations, doit se généraliser (146 millions d’euros).
Plus largement, la chirurgie ambulatoire (les patients rentrent chez eux le jour même de l’opération) doit se développer grâce à une incitation tarifaire des établissements (400 millions d’euros d’économies). Concernant les médecins, l’assurance maladie souhaite mieux encadrer leurs prescriptions, notamment pour limiter le nombre de médicaments prescrits aux personnes âgées (595 millions d’euros).
Dépenses de médicament
L’opposition du patronat aux propositions d’économies s’expliquent aussi par l’important effort attendu sur les dépenses de médicament. Les génériques doivent encore se développer (85 millions d’euros d’économies), mais ce sera insuffisant pour contenir l’arrivée de nouvelles molécules très coûteuses, comme le Sofosbivir, traitement contre l’hépatite C.
L’assurance maladie propose de rendre systématique un « accord prix-volume » entre l’assurance maladie et les industriels, pour que le prix des médicaments les plus onéreux reste « raisonnable » (510 millions d’euros d’économies). Ces propositions sont vigoureusement contestées par le Medef, en particulier par la fédération des entreprises du médicament (Leem) qui regrette d’être la « cible quasi systématique des mesures de rigueur » , ce qui « hypothèque l’investissement et la relance économique ».