La grand-messe annuelle s’ouvrira lundi en début d’après-midi au Palais d’Iéna par un discours du président de la République qui aura auparavant entendu les partenaires sociaux dans un débat centré sur le pacte de responsabilité.
La rencontre sera clôturée mardi après-midi par le Premier ministre, Manuel Valls, qui donnera la feuille de route sociale de l’année à venir. Le gouvernement sera omniprésent. Neuf ministres présideront mardi matin sept tables rondes, axées en particulier sur l’emploi et le pouvoir d’achat. Mais des menaces de boycott planent sur la rencontre : les mesures annoncées mercredi par le Premier ministre Manuel Valls, notamment la pénibilité, répondant aux voeux du patronat, ont mis le feu aux poudres.
Thierry Lepaon, numéro un de la CGT, a annoncé qu’il participerait à la réunion lundi avec François Hollande – car « débattre avec le président de la République est un acte républicain » – mais il a conditionné sa participation mardi aux réponses que le gouvernement apporterait aux revendications de la CGT.
« Il n’est pas question de cantonner les syndicats dans un rôle de figuration » et « le dialogue social dans ce pays s’est détérioré », a dit M. Lepaon qui a pris « contact » avec ses homologues de FO et de la CFDT.
Le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, est sur la même ligne : il participera à la rencontre avec le président Hollande, mais pour la journée de mardi il « n’exclut rien ». La direction de FO « décidera de sa position lundi, mais ce dont je suis sûr, c’est qu’on marquera le coup, d’une manière ou d’une autre », a-t-il dit. « Notre comportement ne peut plus être le même que celui qui était prévu avant la déclaration de Manuel Valls », a-t-il expliqué, reprochant au Premier ministre ses décisions « sur la forme et sur le fond ».
L’Union syndicale Solidaires avait déjà annoncé jeudi le boycott de la rencontre : « la grande conférence sociale pour l’emploi… sans social et sans emploi, ce sera sans nous ! »
Pour Valls ‘la balle est dans le camp’ du patronat
Le gouvernement pourra en revanche compter sur la présence de la CFDT. « La CGT nous a contactés » à propos de la conférence, mais « nous avons expliqué que notre stratégie est de pousser pour obtenir des contreparties au pacte de responsabilité. Nous n’allons pas quitter la conférence », a affirmé auprès de l’AFP Véronique Descacq, numéro deux de la CFDT. « Nous misons toujours sur le dialogue social comme la clé de voûte capable pour mener des changements profonds dans le pays. La conférence sera une occasion de mesurer que c’est toujours possible », selon elle.
Toutefois, les mesures annoncées par le Premier ministre avaient suscité la colère du leader de la centrale, Laurent Berger, qui avait dénoncé un « coup porté » au dialogue social.
De leur côté, les organisations patronales (Medef, CGPME, UPA) qui avaient brandi la menace d’un boycott, se sont ravisées, satisfaites des annonces du Premier ministre.
Dans un contexte particulièrement défavorable, marqué par une croissance atone, un chômage record touchant 3,38 millions de personnes, et sur fond de conflits sociaux, le gouvernement table sur le pacte de responsabilité pour sortir le pays de l’ornière.
Mais il est tiraillé entre la demande du patronat d’avoir une « visibilité »- en matière de charges et d’impôts- sur plusieurs années et l’exigence des syndicats réformistes signataires du pacte – CFDT, CFTC – d’un contrôle des contreparties promises par le patronat avant toute nouvelle aide.
Le Premier ministre a promis un « bilan » des engagements. « Maintenant, je dis aux organisations patronales, la balle est dans votre camp. Plus de postures, engagez-vous et respectez votre parole », leur a-t-il lancé jeudi alors que les négociations dans les branches professionnelles sur le pacte sont encore balbutiantes.
La conférence doit donner le coup d’envoi de négociations sur l’emploi des jeunes – première attente des Français de cette rencontre, selon un sondage CSA – et sur la modernisation du dialogue social.
Mais sur ce dernier point des tensions sont à prévoir : la proposition du Premier ministre d’inclure dans cette négociation la simplification du code du travail et la révision des seuils sociaux – vieilles demandes patronales – se heurtent à une forte résistance des syndicats.