Nabil Houari n’a été prévenu qu’à la rentrée : après son embauche pour un « emploi d’avenir » de brancardier en Ehpad, il allait recevoir, ce 9 septembre 2013, le parrainage officiel de… trois ministres. « Un peu stressant ! », reconnaît-il. Cet habitant de Trappes (Yvelines) s’est pourtant joliment plié à l’exercice médiatique, tout comme ses cinq collègues honorés ce jour : conversation face aux caméras avec Michèle Delaunay, Benoit Hamon, et Marisol Touraine ; signature de parapheurs avec les membres du gouvernement ; photo de groupe sous un crépitement de flashes… « Ça allait, c’est des ministres sociables », rapporte finalement Nabil Houari, à l’un de ses (nombreux) intervieweurs…
Motiver
Ceci étant, les ministres n’avaient pas fait le déplacement que pour les six brancardiers embauchés sur ce site de la MGEN, à La Verrière (Yvelines). Ils venaient aussi contresigner un engagement de la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs (Fehap) : sa mobilisation pour 1 500 recrutements de jeunes en emplois d’avenir, par ses adhérents, d’ici à 2014. En échange de quoi, l’Etat apportera notamment son habituelle participation, à hauteur de 75 % du Smic pour trois ans, pour chacun des recrutés. La convention signée avec la Fehap prévoit en prime un financement, pour la formation et l’accompagnement de ces jeunes « pas ou peu qualifiés », par le ministère des Affaires sociales et de la santé et par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA).
De quoi motiver les employeurs… Pour l’institut MGEN de la Verrière, du reste, les conditions sont encore plus alléchantes : l’Agence régionale de santé Ile-de-France ajoute un concours exceptionnel de 25 % du Smic, pour trois ans, uniquement pour les quatre jeunes embauchés dans son Ehpad. Il reste dès lors à l’établissement à leur mettre un tuteur à disposition, et à leur faire profiter de son plan de formation… Une belle opportunité pour cet institut, qui ne parvenait pas, jusqu’ici, à financer de postes de brancardiers. Du reste, le directeur adjoint Christophe Clavières se dit « très satisfait de ces six jeunes, qui ont d’abord été sélectionnés par la mission locale de Saint-Quentin-en-Yvelines ».
Modeste
Ainsi le gouvernement peut-il s’approcher, un peu plus, de son objectif : créer 150 000 emplois d’avenir, dont 100 000 dès 2013. La contribution du secteur social, sanitaire et médico-social peut certes encore paraître relativement modeste. Comme l’a annoncé, à La Verrière, la ministre de la Santé Marisol Touraine, « fin juillet 11 000 emplois d’avenir avaient déjà été signés dans le secteur ». Et à parcourir les différentes conventions conclues avec une quinzaine de fédérations, et autres acteurs de l’insertion, des soins, ou encore de l’hébergement des personnes âgées, à terme plus de 18 000 emplois d’avenir ont déjà été promis – dont 9 720 par la Fédération hospitalière de France (FHF) et l’Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH)…
De fait ces emplois d’avenir peuvent être bienvenus pour les employeurs eux-mêmes. Le président de la Fehap Antoine Dubout l’a d’ailleurs souligné en signant la convention : il s’engage non seulement « dans un souci de solidarité envers la jeunesse mais aussi pour répondre aux besoins identifiés de notre secteur ». Aux côtés de Nabil Houari, le jeune embauché Maxime de Masure le confirme, à sa façon : après avoir « pas mal galéré » ces dernières années, il a apprécié ses cinq premiers mois auprès des personnes âgées, et a désormais un projet : « Passer le permis pour devenir ambulancier. »