Depuis qu’en 2005, la loi « Borloo » et le Plan de développement des services à la personne ont désigné ce secteur comme l’un des plus porteurs en termes de création d’activités et d’emplois, il est investi par un nombre croissant d’intervenants, notamment des entreprises privées. Historiquement, cependant, il s’est développé grâce aux acteurs de l’économie sociale (associations, coopératives, mutuelles et fondations). « Ce sont les associations qui ont inventé et développé les services à domicile », rappelle Thierry Jeantet, qui souligne dans son ouvrage Economie sociale, la solidarité au défi de l’efficacité, qu’avec « 200 000 salariés en 2004, les associations sont particulièrement investies dans ce champ d’activité ».
Manque de lisibilité
Mais, comme le constate Guy Michel, directeur de l’Agence pour le développement des services de proximité, qui soutient méthodologiquement les créateurs de ces services, le plan « Borloo » a aussi instauré « une sorte de marché unique où tout est mélangé en termes de besoins, que ceux-ci relèvent du confort ou de la nécessité, d’où un manque de lisibilité ». Manque de lisibilité également en raison de l’éclatement du secteur, où l’on distingue deux mouvements inversés parmi les intervenants du secteur privé non lucratif : d’un côté, une structuration au sein de fédérations et d’enseignes nationales et, de l’autre, une multiplication de microprojets s’inscrivant dans le champ de l’économie sociale et solidaire (ESS), secteur de plus en plus soutenu par les collectivités locales. L’essor des services de proximité constitue ainsi souvent un axe fort des plans régionaux de développement de l’ESS, comme dans le Nord – Pas-de-Calais.
Niches d’activités
La Fondation de France, dans le cadre de son appel à projets « Initiatives solidaires et création d’emplois » défend également une vision des services de proximité s’inscrivant dans cette logique d’ESS : « Ce qui nous intéresse, c’est de voir comment les acteurs inventent des réponses qui n’existent pas ou peu et qui permettent de compléter l’offre existante privée ou publique, commente Florence Bardot, responsable du programme emploi. Cela permet de toucher des populations qui sont souvent parmi les plus fragilisées. Nous essayons aussi de montrer qu’il existe des niches d’activités de services utiles qui, par ailleurs, créent de la richesse économique et sociale. Car le privé lucratif n’ira pas sur des activités qui n’engrangent pas de bénéfices et le secteur public ne peut pas couvrir et répondre à tous les besoins individuels. »
Quelle que soit leur taille et qu’ils appartiennent ou non à un réseau organisé, les acteurs du privé non lucratif intervenant dans le champ des services à la personne défendent des principes communs, revendiqués comme étant ceux de l’économie sociale et solidaire. En février 2006, au moment du lancement de l’enseigne France domicile, ses trois membres fondateurs – la Mutualité française, l’Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles et l’Union nationale des centres communaux d’action sociale – rappelaient être des acteurs « issus de l’économie sociale et s’inscrivant dans une logique de solidarité », soulignant que leur métier « est depuis plus de trente ans le maintien à domicile et le service de proximité, en particulier auprès des personnes fragiles et dépendantes ».
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