Pour mémoire, le nombre de bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), dont le montant s’élève à 564 euros par mois pour une personne seule et 847 euros pour un couple, a nettement progressé alors qu’il était presque stable depuis 2017.
Si le suivi des chiffres du RSA est, en quelque sorte, une manière de suivre l’évolution de la pauvreté en France, notamment en constatant, comme le souligne la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), que les territoires les plus aisés ont souvent été les plus touchés malheureusement le pire est sans doute à venir !
Garantie jeunes
La Drees observe aussi la situation des jeunes âgés de 16 à 25 ans sans emploi, ni formation et qui n’ont pu bénéficier de la « garantie jeunes ».
Ce contrat, distribué par les missions locales assure aux jeunes un accompagnement vers l’emploi assorti d’une allocation de 497 euros par mois durant une année renouvelable durant le temps de la formation ou de l‘apprentissage.
Aujourd’hui, le Gouvernement a décidé de doubler le nombre de bénéficiaires passant leur nombre de 80 000 à 200 000 jeunes sachant que ce n’est pas un droit ouvert : il faut pour chacun d’entre eux solliciter l’aide.
Chacun a bien perçu ici la volonté du Gouvernement de ne pas ouvrir le RSA aux jeunes de 18-25 ans.
Et pourtant ce sont ceux qui souffrent le plus aujourd’hui des conséquences de ces confinements.
En effet, si par tradition, les jeunes bénéficiaient jusqu’à présent de la solidarité familiale, force est de constater que les familles elles mêmes sont en grande difficulté du fait du chômage partiel, des licenciements parfois ou de leur état de santé qui se dégrade au fil du temps notamment sur le plan psychologique. Ces difficultés inhérentes à la situation vont obliger les jeunes à trouver d’autres moyens d’accompagnement et de soutien financier puisque leurs familles ne sont plus en capacité de les aider.
Pas de RSA pour les jeunes
En France, les jeunes de 18-24 ans sont encore considérés comme des mineurs sociaux car ils n’ont pas, pour la plupart droit au RSA qui n’est servi qu’aux jeunes de plus de 25 ans.
Pour mémoire, en 2018, le taux de pauvreté chez les jeunes de 18-24 ans était de 19% contre 12,4% pour les 25-54 ans et 8,3% pour les plus de 65 ans.
Si certains pensent que les exclure serait une mesure de discrimination sans fondement, d’autres estiment que les faire bénéficier du RSA risquerait de les enfermer dans la pauvreté.
Ces derniers pensent aussi que la situation doit reposer sur le travail, sur l’éducation et la formation.
Dépenses sociales « actives »
Autrement dit, il faut à tout prix privilégier les dépenses sociales « actives » plutôt que les dépenses sociales « passives » pour lesquelles notre pays est déjà pointé comme le champion d’Europe.
Mais a-t-on un instant réalisé que la situation sanitaire, économique et sociale d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier.
Les jeunes demandeurs d’emploi par exemple souffrent depuis un an d’un énorme handicap, celui de ne pouvoir accéder à un emploi pérenne puisque de nombreuses entreprises et petits commerces tournent au ralenti lorsqu’ils n’ont pas parfois déposé leur bilan.
Les jeunes étudiants ne peuvent plus, depuis plusieurs mois, accéder à leur formation en présentiel dans leurs grandes écoles ou à l’université. Ils se sont réfugiés dans leur petit logement parfois précaire pour y étudier en solitaire devant un écran d’ordinateur des journées entières. Ils avaient souvent espérer trouver un petit boulot qui leur permettrait de payer leur loyer ou leurs fournitures scolaires.
Ils avaient aussi misé sur des stages en entreprise découlant de leur scolarité pour créer ou étendre leur réseau tout en s’initiant à la pratique de leur futur métier.
Ils ont rapidement compris que leur famille ne pouvait plus porter seule le poids de leurs études et de leur formation surtout lorsqu’il y avait plusieurs enfants à la maison.
Nombreux suicides chez les jeunes
La situation des jeunes aujourd’hui est plus que préoccupante surtout lorsque l’on voit le nombre de dépressions et de suicides dans cette catégorie de population.
En France, les suicides représentent 16% des décès de jeunes entre 15 et 24 ans et 20% chez les 25-34 ans.
À situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle !
N’est il pas possible d’imaginer sur une période limitée et à titre provisoire de servir le RSA aux jeunes afin de limiter les ravages de cette pandémie qui a mis à bas l’économie du pays et fait basculer dans la pauvreté des pans entier d’une population déjà bien fragilisée.
Donner un espoir à la jeunesse en attendant que l’économie de notre pays se redresse serait un préalable au développement d’une véritable politique économique et sociale.
Le Président de la République n’a-t-il pas lui-même constaté « qu’il ne faisait pas bon d’avoir 20 ans aujourd’hui ».
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