En fixant à environ 20 euros par bénéficiaire le coût de prise en charge et d’accompagnement sur une année, le gouvernement prive de facto les assurés les plus fragiles d’un niveau de service indispensable. Ces assurés ont, plus que les autres, besoin de conseils et d’information : ils sont ainsi en contact une vingtaine de fois dans l’année avec leur mutuelle. Un paradoxe alors qu’Emmanuel Macron martèle que la clé de la lutte contre la pauvreté réside justement dans l’accompagnement.
Avec ces modalités d’application, le gouvernement stigmatise les plus fragiles en les privant du choix et des services de leur complémentaire santé. Car, de fait, sauf à sacrifier leurs équilibres économiques ou à en faire porter le coût aux autres assurés, les mutuelles ne seront pas en mesure d’assumer la gestion de la CMUC contributive dont l’Assurance maladie aura le monopole.
Cette réforme de la complémentaire santé risque alors bien de se faire au détriment des plus de 10 millions de bénéficiaires potentiels (soit 15 % des Français !). Notre santé basculerait dans un système à deux vitesses, avec les plus pauvres pris en charge par les pouvoirs publics d’un côté, et de l’autre, les personnes ayant les moyens de se soigner correctement. À l’inverse du système solidaire que promeuvent les mutuelles. C’est pourquoi la Mutualité Française leur a demandé de ne pas s’engager dans ce nouveau dispositif.
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