L’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss) a 70 ans cette année. Toujours très active sur les fronts de la solidarité et de l’exclusion et ne manie pas la langue de bois pour affirmer sa vision des choses en la matière.
Si elle a reconnu que le nouveau Gouvernement affichait des objectifs ambitieux en matière sociale avec une volonté de réformer et d’impliquer la société civile, elle regrette que l’économie semble prendre le pas sur le social.
Méconnaissance des difficultés
L’association en veut pour preuve la baisse de 5 euros des APL, « un signe de la méconnaissance des difficultés que vivent de nombreux ménages extrêmement modestes », ou la réduction drastique des contrats aidés. Selon le Gouvernement, les contrats aidés seraient inefficaces pour intégrer dans l’emploi, et seraient une subvention cachée à des associations qui souffrent de la baisse des dotations de l’État ou des collectivités territoriales.
« Il aurait sans doute été plus intelligent de se montrer plus exigeant sur les obligations de formation, d’accompagnement des personnes, de vigilance sur les publics les plus éloignés de l’emploi, que de trancher sans concertation et sans mesurer les conséquences pour les acteurs et surtout pour les publics », tance Patrick Doutreligne.
Peu de compromis sur la stratégie logement
Édouard Philippe, le Premier ministre, a certes partiellement rassuré les associations, jeudi 21 septembre, en annonçant que 200 000 contrats aidés seraient financés en 2018, « intégralement dans le secteur non marchand », ciblant en priorité l’urgence sanitaire et sociale.
En revanche, peu de compromis à attendre quant à « la stratégie logement » du gouvernement, dévoilée mercredi 20 septembre, qui demande aux bailleurs sociaux de baisser de 50 euros les loyers des locataires touchant l’APL, ce qui réduirait l’APL d’autant.
Cette proposition, qui froisse le mouvement HLM, ne séduit pas non plus l’Uniopss. Jeanne Dietrich, conseillère technique emploi-logement, précise que si les intentions semblent positives (faire baisser les loyers, proposer un « choc de l’offre », etc.), une véritable stratégie logement passe par le fait de renoncer à la réduction des 5 euros d’APL pour 2017 et aux réductions prévues pour 2018, la construction de 60 000 logements Plai (prêt locatif aidé d’intégration) au lieu des 45 000 prévus et l’encadrement des loyers dans toutes les villes.
« La loi Alur le prévoyait dans vingt-trois villes, seules Paris et Lille le pratiquent. Or, l’Allemagne, la Suisse ou la Suède régulent les loyers », souligne Patrick Doutreligne.
Il faut d’abord dépenser avant un retour sur investissement
L’Uniopss se dit cependant prête à s’engager dans la coconstruction des réformes structurelles, voulant prendre aux mots le président Macron qui lorsqu’il parle « d’investissement social », semble oublier qu’ « il faut d’abord dépenser avant un retour sur investissement ».
S’y ajoute la crainte de laisser de côté les personnes les plus démunies, avec une politique privilégiant les personnes « méritantes ».
Le projet de loi de finances 2018, présenté le 27 septembre, sera donc l’objet de toute l’attention de l’Uniopss.