« Il ne peut plus y avoir de projet sportif territorial sur une base disciplinaire. L’élu, le dirigeant doit s’appuyer sur plusieurs sports, proposer plusieurs formes de pratiques qui ne sont plus organisées sur le modèle entraînement/compétition », analyse Gérard Perreau- Bezouille, coprésident de la Fédération française des clubs omnisports (FFCO). « C’est de cette capacité à répondre à ces nouveaux enjeux en utilisant une palette de sports que vient la force de l’omnisports ».
Ressources locales
De fait, l’omnisports ne se limite pas à la juxtaposition dans une même structure de différentes disciplines. On parle dans ce cas de multisport ou de plurisport. Il permet de mobiliser autour des enjeux, des réalités et des ressources locales, un ensemble de disciplines sportives et de types de pratiques, de manière coordonnée, pour mettre en place des projets sportifs répondant aux besoins des territoires. « Beaucoup de villes ont mis en place des animations répondant à ces enjeux avec leur service des sports. Mais je pense, qu’avec leur aide et dans le cadre de l’économie sociale et solidaire, on peut aussi trouver des réponses associatives pertinentes », poursuit le président lui-même ancien élu local.
Au service des clubs
Un positionnement qui ne s’est pas construit en un jour. Pour Fernand Escobar, vice-président de la FFCO, « La fédé- ration a beaucoup évolué ces dernières années. Nous étions une fédération de service aux clubs. Quand l’Urssaf s’est intéressée au sport pour assujettir les indemnités versées aux animateurs aux charges sociales, nous avons défendu les clubs. Ce conflit, qui a duré une quinzaine d’années, est aujourd’hui résolu mais à cette occasion nous avons construit un service juridique qui fait référence. Un service qui a été élargi aux questions sociales et financières auquel les structure s ont accès sans limite dans le cadre de leur adhésion (de 120 à 1450 euros) ». Dans ces domaines, la compétence de la FFCO est largement reconnue comme en témoigne le fait que l’ancien président du Cosmos (1), Jean Di-Meo, était issu des clubs omnisports. Ou encore quand des clubs unisport adhèrent à la FFCO pour bénéficier de ses services et de ses compétences.
Une fédération sans licence
La montée en puissance du service juridique a permis à la fédération de retrouver un peu d’air et de s’interroger sur sa capacité à répondre aux évolutions sportives et sociales. En 2013, elle a réalisé un audit.
« Cet audit a montré un décalage entre nos positions théoriques et les actions de terrain. Si nous restions figés sur un modèle sportif traditionnel, nous nous coupions de la réalité du sport tel qu’il évolue dans les territoires. Il nous fallait partir du concret, de ce qui se passe sur le terrain et non l’inverse », indique le président. Des évolutions facilitées par la situation particulière de l’omnisports. La FFCO ne délivre pas de licences. Dans les structures, chaque section est affiliée à sa fédération délégataire et c’est la personne morale, le club omnisports, qui est affilié à la fédération. La licence n’est pas l’objectif.
Du bas vers le haut
« On est contre le « clé en main » qui consiste à proposer des packages d’animation coupés des réalités locales », affirme clairement Gérard Perreau-Bezouille. « C’est une manière d’imposer les choses d’en haut. Sur le terrain, ce sont les clubs qui trouvent des solutions pour répondre à leurs besoins. Et ça prend à chaque fois une forme différente. Notre rôle est de les valoriser, de les aider à rendre les choses plus visibles, plus lisibles. On essaye de fédérer… du bas vers le haut ». D’où une organisation fédérale atypique « Notre métier a changé. Aujourd’hui, la fédération anime des réseaux autour de thématiques identifiées pour apporter des réponses transversales, globales et cohérentes, complémentaires aux fédé- rations unisport ».
Quatre piliers
Des réseaux construits autour des quatre piliers du plan fédéral. Le pilier « accompagnement à la vie associative » est structuré autour d’une plateforme constituée d’experts en droit du sport, en droit du travail et en droit social complété par la production de nombreux outils. Le pilier « sport et territorialité » engage la FFCO à représenter au plan national « le sport près de chez nous ». L’objectif de la FFCO consiste à se positionner comme un organe passerelle entre les divers acteurs du sport. Le pilier « sport et citoyenneté » positionne la FFCO en tant que partenaire de l’ensemble du mouvement sportif dans la mise en œuvre du plan citoyen du sport. L’organisation de l’« Urban Sport Tour », projet mettant en valeur les actions citoyennes de divers clubs implantés dans les territoires cibles en constitue un élément central. Enfin, le pilier « sport et santé », outil de prévention mais aussi de thérapie. Le projet repose sur un accompagnement complet des clubs leur proposant un dispositif de formation des encadrants, un soutien à la création de section santé et un suivi des actions au sein des clubs FFCO.
(1) Cosmos : le Conseil social du mouvement sportif est l’unique organisation représentant exclusivement les employeurs du sport, qu’ils soient issus du secteur associatif, commercial ou du sport professionnel.
Thèmes abordés