« Le train du baseball-softball olympique est lancé. À nous de ne pas le manquer », annonce clairement le président de la Fédération française de baseball-softball Didier Seminet. De fait, la discipline bénéficie d’un superbe alignement des planètes. Au Japon, où le baseball- softball est l’équivalent du handball français, pas question d’organiser des Jeux de Tokyo 2020 sans ce sport plébiscité par les Japonais. Une demande satisfaite par le CIO pour l’édition 2020. Et en 2028, les Jeux auront lieu aux États-Unis (Los Angeles). La patrie du baseball où il s’est érigé en passe-temps national.
Opportunité unique
Situé entre les deux, Paris 2024 est un maillon clé de la réintroduction du baseball-softball dans le programme des Jeux olympiques. Le président le déclare « Nous ferons tout pour que le baseball-softball soit aux Jeux olympiques de Paris 2024 ». Ce serait aussi symbolique car la fédération fêtera ses cent ans. Une perspective encouragée par le président de la fédération internationale Riccardo Fraccari. « C’est une opportunité unique pour Paris 2024 et le Comité international olympique de pouvoir profiter du statut de sport national du baseball-softball aux Jeux qui précèdent et suivent ceux de Paris 2024 – passant le relais et faisant rayonner l’Olympisme depuis Tokyo 2020 jusqu’à Los Angeles 2028. »
Accord de coopération
S’il est trop tôt pour dire si le baseball sera olympique à Paris ou non, la candidature s’organise. Sous l’égide de la Fédération internationale de baseball-softball, la France vient de signer (le 21 janvier 2019) avec les fédérations japonaises et américaines un accord de coopération pour booster le développement du baseball en France et ainsi renforcer la candidature française. Un accord d’un nouveau genre qui servira les intérêts de la communauté internationale du baseball-softball. L’accord prévoit la participation d’équipes du Japon et des États-Unis à des entraînements et événements préparatoires aux grandes compétitions internationales dans toutes les catégories d’âge. Le Japon et les États-Unis mettront des entraîneurs à disposition afin d’améliorer les techniques d’entraîne- ment, la préparation physique et la nutrition des athlètes.
Futur Centre national
« Les équipements baseball-softball ne coûteront rien à Paris 2024 », poursuit le président. La fédération internationale s’est proposé de les financer. « Au contraire, ils ne feront que rapporter : les ressources de billetterie sont estimées à 30 millions de dollars. ». Le président voit plus loin « Ces équipements feront partie de l’héritage de Paris 2024. Nous proposons de jumeler équipements provisoires et permanents. Après les jeux et le démontage des équipements provisoires, nous ferons de ce complexe international le futur Centre national de baseball-softball pour y accueillir les activités sportives de préparation des élites, des compétitions internationales et le siège fédéral ». Deux territoires sont d’ores et déjà intéressés, Val d’Europe et Grand Paris Sud.
Problème culturel
Ce sont les immigrants européens qui ont importé leurs jeux de batte aux États-Unis où ils se sont transformés en baseball et softball avant que ceux-ci ne reviennent vers l’Europe. Avec un succès relatif. En France, la fédération rassemble 13 600 licenciés dans 230 clubs. « C’est un problème culturel », analyse le président « Contrairement aux principaux sports européens, il n’y a pas de but ou de panier dans lequel il faut faire entrer la balle et l’équipe qui a la balle (qui lance) est celle qui défend. Autour des bases, les joueurs courent dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, l’inverse de nos habitudes. Et il n’y a pas de limite de temps, une partie peut durer plusieurs heures. Pour- tant, le baseball a beaucoup d’atouts. Le principal c’est qu’il peut être joué par tout le monde quelles que soient ses capacités ».
Installations exigeantes
Le directeur technique national (DTN) Stephen Lesfargues pointe une autre difficulté : les équipements. « Quand on propose de réaliser une installation de baseball-softball, on nous demande souvent de créer l’activité d’abord pour justifier de l’intérêt de celle-ci. Le problème c’est que sans installation adaptée, il n’y a pas d’activité possible. Et nos installations sont exigeantes. Un terrain de baseball c’est 15 000 m2 et ce n’est ni un terrain de football, ni un terrain de rugby ». Ajoutant « il est toutefois possible de mutualiser un terrain de baseball avec un terrain de grand jeu. Ce terrain sert de champ de réception. Il suffit d’accoler à l’extérieur de celui-ci et sur un des côtés les quatre bases que doivent parcourir les batteurs ainsi que le monticule sur lequel prend position le lanceur ». Pour dépasser ces écueils et développer dans le public une vraie culture baseball, la fédération va entériner lors de sa prochaine assemblée générale l’ajout du baseball5 (lire encadré ci-contre) comme nouvelle discipline. Une version urbaine, rapide et simple qui sera la pierre angulaire de sa politique de développement pour les années à venir.
Objectif qualification
Déjà le DTN constate les bienfaits de l’impulsion olympique.
« Les pouvoirs publics nous accordent plus d’attention et nos moyens pour la préparation sont renforcés ». Une attention qui n’est pas sans peser sur l’équipe fédérale. « Nous devons démontrer en permanence que nous sommes sur la bonne voie ». Naturellement, l’objectif est une qualification pour les Jeux de Tokyo 2020. Une qualification rendue exigeante par le faible nombre d’équipes qualifiées : six en masculin (base- ball), autant côté féminin (softball). Il faudra pour cela que les équipes de France (24es nations mondiales dans les deux catégories) bousculent la hiérarchie mondiale.
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