Près de la moitié du kilométrage parcouru en voiture l’est en zone périurbaine ou rurale, par 20 millions de voitures, chaque année, et pas des plus modernes. La population de ces territoires n’a souvent pas d’autre choix ; une dépense lourde pour ces habitants repoussés loin des centres-villes justement par manque de moyens.
Afin de remédier à cette situation qui accentue le risque de mise à l’écart d’une population fragile et qui est source d’émissions de CO2, le Centre d’analyse stratégique (CAS) émet cinq recommandations en faveur de leur mobilité.
« En périurbain et en rural, il s’agit surtout de mieux remplir les cars et les voitures et non pas de créer des lignes de tramway ou de bus, », distingue Olivier Paul-Dubois-Taine (1), président du groupe de travail à l’origine du rapport sur le sujet publié le 7 février.
En effet, les transports publics de campagne parcourent de grandes distances, d’où des problèmes de rentabilité. « Nous ne remettons pas en cause l’usage prédominant de la voiture, nous cherchons des moyens de déplacement complémentaires, », précise Vincent Chriqui, directeur du CAS.
Rabattement : 10% des dépenses voirie – Première recommandation : repenser la mobilité quotidienne à partir des besoins des habitants – aller travailler, se distraire, aller chez le médecin, etc. – en intégrant ces déplacements dans le schéma départemental, au lieu de raisonner sur la desserte ponctuelle d’un équipement public.
Deuxième proposition : par souci d’efficacité, les alternatives à la voiture rabattront les usagers vers des lignes de transport collectif plus importantes. Budget à consacrer aux pistes cyclables, aux parkings, etc. : 10% des dépenses voirie annuelles.
Troisième recommandation : informer les usagers en temps réel afin qu’ils combinent aisément plusieurs modes de transport. Pour cela, il s’agirait de regrouper des informations sur une base de données en tenant compte des zones frontières entre territoires.
Quatrième proposition : développer le covoiturage et l’autopartage grâce à l’information numérique, sans oublier d’instaurer la confiance entre offreur et demandeur, garantie que les collectivités territoriales pourraient apporter (label).
Enfin, dernière recommandation : expérimenter la mutualisation des services à la personne afin d’optimiser les trajets parcourus par le personnel.
Ingénierie spécialisée – Le CAS n’évoque pas, en revanche, la nécessité de maîtriser l’étalement urbanistique, à l’origine d’une partie de ces trajets contraints. « Nous avons cherché des moyens effectifs à cinq ou dix ans alors qu’il faut une génération pour constater une transformation urbaine », reconnaît Olivier Paul-Dubois-Taine.
Il note par ailleurs que « en périurbain et en rural, les collectivités territoriales doivent s’appuyer aussi sur les acteurs privés du déplacement – entreprises, associations, professionnels – qu’il leur faudra mobiliser dans une stratégie commune de mobilité. » Les bonnes volontés locales auront besoin d’une assistance en ingénierie spécialisée.
Références
- Pour une nouvelle approche des mobilités dans les territoires périurbains et ruraux, note de synthèse, CAS, février 2012
- Les nouvelles mobilités dans les territoires périurbains et ruraux, Rapport, CAS, février 2012
Thèmes abordés
Notes
Note 01 Ingénieur général honoraire des ponts et chaussées et président en 2010 d'un groupe sur la mobilité en milieu urbain Retour au texte