« Les questions de santé figurent désormais au premier plan des politiques communales – la campagne des élections municipales est là pour le rappeler. C’est un paradoxe, au moment où les budgets sont de plus en plus contraints, alors que les départements ont leurs propres compétences en la matière, et alors que la loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoires » (HPST), dite « loi Bachelot », a fortement réduit le rôle du maire en matière de gouvernance hospitalière.
Si notre pays continue de disposer d’un des meilleurs systèmes de santé du monde, les inégalités d’accès à la santé ont continué de se creuser et de nouvelles fractures territoriales apparaissent. Face à cette situation, de nombreuses collectivités, et notamment des petites villes, ont pris des initiatives pour attirer et accompagner de jeunes professionnels dans les territoires sous-médicalisés. La création des « maisons de santé » a eu pour principal avantage de mettre fin à l’isolement des médecins et de l’intégrer dans un réseau de soins plus cohérent. Dans les zones de forte pénurie médicale, les centres municipaux de santé peuvent également représenter une solution. Le salariat est-il l’avenir du médecin généraliste ? Il est trop tôt pour le dire mais ces structures ont fait la démonstration qu’elles pouvaient être viables pour autant que les praticiens réalisent un nombre suffisant de consultations.
Si les petites villes savent innover pour lutter contre l’extension des déserts médicaux, c’est surtout en matière de gouvernance hospitalière que la question de la place et du rôle de maires se pose. En perdant la présidence des Conseils d’administration au profit de celle, plus théorique, du Conseil de surveillance, le maire a vu sa capacité à influer sur la gestion de son hôpital se réduire singulièrement, au profit du directeur de l’hôpital et de sa tutelle, l’Agence régionale de santé.
En matière de gouvernance, les maires ne sont pas demandeurs de responsabilités supplémentaires, qui cachent souvent un transfert de charge déguisé, mais lorsque la situation l’exige, ils savent prendre leur responsabilité. Leur détermination a permis de défendre leur établissement de proximité lorsqu’ils étaient injustement condamnés par un système contestable de financement. C’est également sous leur impulsion que des solutions innovantes de mise en réseau, parfois sous la forme des Communautés hospitalières de santé, ont pu voir le jour.
Forte de ces retours d’expérience des maires, l’association des petites villes de France a proposé, via un Livre blanc de mars 2013, une approche territoriale de la santé qui fasse des petits établissements hospitaliers les pivots d’une offre de soin cohérente à l’échelle des bassins de vie. »
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