Construire un nouveau modèle de développement économique axé sur la valorisation énergétique des ressources territoriales (V.E.R.T.), telle est l’ambition du projet initié en 2018 par la communauté de communes Somme Sud-Ouest (CC2SO, Somme, 119 communes, 38 500 hab.). Dans cette perspective, une association a été créée, baptisée le Cluster V.E.R.T., qui réunit entreprises, collectivités locales et associations. L’objectif ? Structurer un écosystème d’acteurs complémentaires pour initier des projets collaboratifs dans le domaine énergétique.
Cluster V.E.R.T
« Le Cluster V.E.R.T. comporte trois piliers : l’agriculture de demain, les matériaux biosourcés et l’intelligence énergétique. C’est ainsi qu’en 2010 la communauté de communes a récupéré la compétence mobilité et transports scolaires : « Nous disposons de 54 cars et autant de chauffeurs qui font du transport scolaire et de personnes âgées, et pendant les vacances ils sont mobilisés au service du tourisme », décrit Isabelle de Waziers, vice-présidente de la CC2O.
Face au recul de l’activité productive sur son territoire, l’établissement public territorial (EPT) Grand Orly Seine-Bièvre (Essonne et Val-de-Marne, 24 communes, 710 000 hab.) a lui fait le choix dès sa création de faire travailler ensemble acteurs économiques et institutionnels en faveur de l’emploi. « Nous nous sommes appuyés à la fois sur les universités, écoles, clusters ou des interlocuteurs comme l’aéroport d’Orly ou le MIN (marché d’intérêt national de Rungis) », décrit Michel Leprêtre, président (PCF) de Grand Orly Seine-Bièvre, qui fait aussi partie des premiers Territoires d’industrie.
« Fertilisation croisée »
Pour le chercheur Gilles Crague, directeur de recherche à l’École des Ponts Paristech, CC2SO et Grand Orly Seine Bièvre mènent des démarches assez pionnières. « Beaucoup de clusters sont montés avec l’appui des intercommunalités, mais ont une vie propre et indépendante de la vie intercommunale, de façon parfois cloisonnée. A l’inverse, ces deux territoires sont des cas de fertilisation croisée entre les compétences propres de l’intercommunalité et le champs d’intervention des opérateurs économiques », commente-t-il.
Les services de l’EPT Grand Orly Seine-Bièvre collaborent en effet étroitement avec les experts du cluster Eaux-milieux-sols (EMS), créé en 2015 avec le conseil départemental du Val-de-Marne et les communes de Choisy-le-Roi, Orly et Paris dans l’objectif d’animer une dynamique collaborative autour de la gestion durable de l’eau, des milieux, des sols urbains et des biodéchets.
Car pour asseoir le développement économique, la logique de concurrence entre collectivités se révèle contre-productive. « Notre initiative a au contraire été de rencontrer d’autres territoires pour réfléchir à nos complémentarité, car à l’exception de l’ouest de Paris, nous souffrons tous et nous avons besoin de travailler ensemble de façon durable », note Michel Lepêtre.
Diversité et adaptabilité
Le rôle d’un cluster n’est pas non plus forcément de spécialiser à outrance les territoires dans un secteur économique. Dans un travail de recherche, Gilles Crague montre au contraire que la pérennité d’une ville industrielle moyenne comme Vire en Normandie s’ancre dans une activité diversifiée et une bonne capacité d’adaptation des industriels. « Les relations entre élus et industriels y sont également très étroites, puisque tous font ensemble du bateau à Granville, mais avec une vigilance très forte pour que cela ne se transforme pas en connivence », observe-t-il.
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