Inflation, récession, crise énergétique : la liste des difficultés au programme de cette année 2023 est longue. On s’affole, on s’alarme et on s’inquiète, mais force est de constater que le catalogue des solutions mis en face reste bien maigre.
Selon la Banque des territoires, au premier semestre 2022, la commande publique s’élevait à 51,2 milliards d’euros, soit une progression de + 6,5 %. Un chiffre synonyme de reprise, au sortir d’une crise plus qu’éprouvante pour l’économie du pays. Mais à qui cette hausse a-t-elle réellement profité ? Essentiellement au BTP et aux grandes sociétés, et les scandales qui se succèdent montrent la prédominance sur le marché des groupes internationaux. Avec une multitude d’organisations implantées sur le territoire, les TPE-PME françaises représentent plus de 99 % du tissu économique et n’obtiennent pourtant que 30 % des marchés publics en valeur : un frein à une reprise dont le moteur reste encore bien rouillé.
En apparence, si certaines dispositions semblent être prises pour faciliter l’accès des PME à la commande publique, en chiffres, les efforts ne transparaissent pas. Entre un accès trop limité et exigeant, une complexité réelle ou ressentie ou une méconnaissance des institutions publiques, les obstacles à l’entrée pour les entreprises locales les écartent, de fait, de la compétition. En tête de liste de ces freins, l’habitude prise par les acheteurs publics de passer par la commande publique alors qu’elle n’est ni nécessaire ni obligatoire. A cause du quotidien prenant de leurs chefs d’entreprise dont l’emploi du temps ne permet pas de s’adonner à d’autres tâches administratives lourdes, les TPE s’excluent donc inévitablement du match. Autre obstacle et non des moindres : une préférence inconsciente de la part des acheteurs publics pour les grands groupes qui n’ont pourtant pas toujours le savoir empirique du territoire ou les ressources locales nécessaires.
Candidatures simplifiées
Pour donner la chance au territoire d’enclencher la machine de la reprise, les TPE-PME doivent être de la partie. Une quantité de leviers existent pour les inclure au processus comme la possibilité donnée aux acheteurs de mener une démarche globale de « sourcing » pour connaître et élargir leur panel de fournisseurs potentiels. Contrairement à une idée reçue, les collectivités ont le droit de rencontrer les entreprises, de les informer sur les marchés en cours et de les consulter librement. Connaître son territoire, prendre conscience des ressources à sa portée, construire une stratégie d’intelligence collective basée sur l’implication des entreprises locales : la solution est à portée de main.
Changeons aussi les règles du jeu. Au-delà de faciliter l’accès des petites entreprises à la commande publique, privilégions des méthodes de candidature simplifiées en phase avec les possibilités des TPE-PME en réduisant les lourdeurs administratives. Enfin, donnons les moyens aux fonctionnaires et aux élus de se former et de connaître tous les outils à leur disposition pour intégrer les entreprises de leur territoire aux projets de demain. Maires, élus et parlementaires, donnons-nous, ensemble, les moyens d’une reprise réussie.
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