« Pour qu’Action cœur de ville fonctionne, il faut une ligne de force. La nôtre, ça a été l’image du festival de la bande dessinée et de la ville créative. Cela permet d’entraîner les gens et les partenaires. » Pour Pascal Monier, adjoint au maire chargé de l’urbanisme, de la transition écologique et du programme Action cœur de ville à la ville d’Angoulême, le dispositif a été un succès car il a permis de raconter une histoire.
Pascal Monier, adjoint au maire d’Angoulême.
Cette histoire commence par le déclin, à partir des années 70, de l’industrie papetière de la capitale de la Charente. La collectivité se dévitalise, les commerces ferment. Sur le « plateau », le centre-ville historique, des logements se vident et restent inoccupés. Dans la partie basse, des centaines de friches émergent, sans qu’un usage soit défini. En 2010, la ville amorce une transformation. Selon Xavier Bonnefont, maire (Horizons) élu en 2014, il faut récupérer les friches. José Tenera, à l’époque directeur chargé du centre-ville, aujourd’hui responsable du projet Action cœur de ville, entame un travail d’identification de ces espaces.
José Tenera, directeur de projet « Action cœur de ville ».
Dossiers historiques dénoués
Le programme gouvernemental, lancé en 2017, avec l’objectif de revitalisation des villes moyennes, tombe à point nommé. « Nous avons présenté un périmètre élargi », explique Xavier Bonnefont, avec des projets situés sur le plateau, mais aussi dans le quartier de l’Houmeau, derrière la gare. « Action cœur de ville a été un accélérateur et a dénoué des dossiers historiques », se réjouit l’édile.
Xavier Bonnefont, maire d’Angoulême.
L’intérêt est immédiat. Des ministres se rendent à Angoulême, tout comme les partenaires nationaux, à l’instar de la Banque des territoires ou d’Action logement, avec qui la mairie a « instauré une relation de confiance, affirme le maire. Ils sont rassurés par notre pilotage, notre accompagnement des porteurs de projets. Ils constatent que nous avons été au rendez-vous des objectifs attendus ».
Sur la gouvernance, le maire se souvient que l’ambition visait à décliner les actions à tous les étages : les commerces, l’aménagement urbain, avec la création d’un bus à haut niveau de service, la végétalisation… Pascal Monier et José Tenera sont allés échanger avec tous les élus et les directeurs « pour voir l’impact ». Une gouvernance que critique l’élue d’opposition Françoise Coutant (EELV), reprochant un « manque de vision », avec des textes présentés un par un au fil des conseils municipaux. L’axe majeur du développement du programme est celui de la réhabilitation de friches : d’anciens bâtiments industriels ou des immeubles résidentiels à l’abandon. Près de cinq ans après, ce sont 75 friches qui ont été réhabilitées et encore des dizaines qui sont identifiés pour de futurs projets. Certains sont déjà actés, comme la construction d’un centre d’affaires sur l’îlot Renaudin, face à la médiathèque.
Construction d’un futur centre d’affaires sur l’îlot Renaudin, face à la médiathèque.
Dans le centre-ville, lorsque l’on arrive sur la place du Palet, voilà un immeuble réhabilité grâce à Action cœur de ville, dans lequel trois logements ont été rénovés. Rue du Minage, l’ancienne clinique Sainte-Marthe, fermée depuis vingt ans, a fait place à une vingtaine d’appartements de différentes surfaces. Plus loin, des ouvriers s’attellent sur des échafaudages. Une bâche porte le logo du programme.
L’ancienne clinique Sainte-Marthe a été réhabilitée en logements.
Du concept à la réalité
Mais la question du logement a d’abord été le moyen, plus qu’un objectif, pour développer simultanément la formation et l’emploi. Plusieurs réhabilitations de friches ont bénéficié à des sociétés en lien avec le Pôle image Magelis. Grâce à l’entreprise publique locale Territoires Charente, dont 50 % du capital est détenu par les collectivités, et sa filiale Immobilière Charente, trois friches ont pu accueillir des studios d’animation après travaux, explique son directeur, Philippe Maylin.
Le Studio Hari, qui partage son siège social entre Paris et Angoulême, a ainsi investi un laboratoire à l’abandon, indique Mélodie Bourrelier, gestionnaire de paie du site d’Angoulême.
Les locaux du Studio Hari, dont le siège est à Paris, a investi un ancien laboratoire.
Les locaux du studio d’animation dans le centre-ville devenant exigus, il déménage dans les nouveaux espaces en 2021, où tout a été refait en fonction des besoins de ce site qui peut accueillir des dizaines de personnes. « Nous avions entendu parler du Pôle image Magelis comme d’un concept, mais une réalisation telle que celle-ci montre que c’est bien concret », affirme Mélodie Bourrelier. Le studio a anticipé une croissance de son activité en surdimensionnant ses espaces.
Les locaux du Studio d’animation Hari.
Avec la ville, Pôle image Magelis a développé de nouvelles formations universitaires, à l’image de l’Ecole 42, qui propose une formation de développement web. En 2021, elle a installé à Angoulême son deuxième campus, après celui de Paris. Ses locaux, flambant neufs, sont situés sur les bords de la Charente. Evidemment, dans une ancienne friche. La mairie revendique l’installation de 900 étudiants et la création de 700 emplois sur le Pôle image Magelis.
L’Ecole 42 forme au code informatique.
Désormais, la ville s’interroge pour poursuivre l’aventure « Action cœur de ville ». Le second volet, centré sur la rénovation des quartiers de la gare et des entrées de ville, s’insère dans le travail déjà mené.
Ici, trois immeubles mitoyens, réhabilités dans le cadre du programme Action cœur de ville.
La mairie ambitionne un nouvel élan pour sa démarche de « renaturation, avec la création de 20 poumons verts pour que chaque habitant en ait un à moins de dix minutes à pied de chez lui », précise le maire. Et ce, jusque dans le secteur patrimonial en manque de verdure. Après le gris, vient le vert. Angoulême aura sans doute d’autres histoires à raconter.
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Action Coeur de ville, le bilan
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