La réforme des retraites est, martèle le gouvernement, « juste », « nécessaire » et « équitable ». Mais, depuis la présentation du projet de loi par Elisabeth Borne, le 10 janvier, ces mantras ont pris du plomb dans l’aile. Le gouvernement peine ainsi à convaincre de la justesse de sa réforme dès lors que l’on examine en détail ses conséquences sur la situation des femmes ou la prise en compte de la pénibilité.
Taux de cotisation
Il en va de même dans le versant « fonction publique » du projet gouvernemental avec, coup sur coup, deux pavés jetés dans la mare. Le premier provient des employeurs territoriaux, après la découverte de la version du texte présenté en conseil des ministres. Texte qui prévoit la hausse d’un point de leur taux de cotisation à la CNRACL à partir de 2024, puis d’un autre en 2029. Mesure adoptée « sans consultation en amont », s’insurge la coordination des employeurs territoriaux. Les élus demandent « une mise à plat du système de retraite des employeurs territoriaux ».
Rémunérations
L’autre pavé a été lancé le 27 janvier par le collectif Nos services publics, qui est revenu aux sources des projections du Conseil d’orientation des retraites (COR), s’agissant en particulier de la fonction publique. Le COR se fonde, en effet, sur des données transmises par Bercy, qui définissent les trajectoires programmées par le gouvernement en matière de rémunération des fonctionnaires et de recrutements. Or, selon les calculs des hauts fonctionnaires, l’Etat projette, pour les prochaines années, une stagnation des rémunérations, malgré l’inflation. Soit, en réalité, une baisse de 11 % des salaires. Idem pour les embauches, gelées à l’Etat comme dans la territoriale. Ce qui fait dire au COR, dans son rapport de septembre 2022 : « Il convient de souligner le caractère paradoxal de ce résultat, les mesures d’économie sur la masse salariale publique se traduisant par une détérioration du solde du système de retraite. »
Une détérioration qui justifie la présente réforme… Mais le gouvernement planifie-t-il une telle stratégie d’austérité RH alors qu’il soutient, par ailleurs, la nécessité de revaloriser les carrières publiques ? Ou ces prévisions servent-elles surtout à légitimer sa réforme ? Ce n’est pas un détail.
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