Il y a bientôt vingt-cinq ans, lorsque “Villes internet” a été créée, les smartphones et les réseaux sociaux n’existaient pas, seulement 23 % des Français étaient équipés d’ordinateurs et 17 % des familles avaient alors accès à internet. En s’appuyant sur les collectivités locales, “Villes internet” a posé les jalons d’un internet citoyen et mis sur pied une méthodologie innovante pour les accompagner dans l’élaboration et le pilotage de leurs politiques publiques numériques.
Les conditions réelles d’une transition numérique réussie
Considérer la mission initiale comme accomplie serait toutefois une erreur ; pire, une faute. Considérer comme acquise l’accessibilité numérique pour tous relève de la posture. Les réalités d’accès demeurent inégales, selon la géographie, selon les populations, et selon la sociologie des populations sur les territoires. Si certaines métropoles ont les ressources pour porter une politique numérique de grande ampleur, d’autres communes doivent imaginer des solutions alternatives.
Villes internet a vocation à construire des ponts entre les territoires, dans le respect de leurs diversités, afin de promouvoir un modèle basé sur la coopération et la mutualisation. Il s’agit de faire dialoguer des territoires d’excellence numérique, quelle que soit leur taille, aux côtés de collectivités aux politiques numériques, certes plus modestes, mais engagées pour créer les conditions d’une transition numérique solide et adaptée. Voilà le sens de notre label national « Territoires, Villes et Villages internet », organisé tous les ans.
Faire face aux défis du monde de demain
Les défis de l’internet citoyen restent considérables. La crise sanitaire – avec l’explosion du télétravail, l’irruption de l’e-enseignement et l’envolée de la télémédecine – a souligné de nombreuses fragilités. En 2022, les conclusions du rapport du Défenseur des droits portant sur la dématérialisation des services publics et le dépôt d’une proposition de loi, la même année, pour un droit à la connexion opposable garantissant l’égalité d’accès au numérique dans les territoires, confortent notre diagnostic et nos préconisations sur l’urgence d’un “internet, service public de proximité”.
Mais nous ne nous donnons pas pour autant comme objectif la promotion à tout va des usages numériques. Nous assumons un rôle de vigie : informer les élus, les inciter à développer des stratégies de résistance afin de ne pas être dépossédés de leurs prérogatives, sont au cœur de nos missions. Combien de collectivités ont fait les frais, ces dernières années, de cyberattaques ? Quelle attitude adopter face aux applications et plateformes numériques, rendant poreuses les frontières de l’espace public et privé ? Quelle sécurité pour les données des usagers, objet de convoitise ? Quels moyens pour consolider un numérique durable et écoresponsable, à l’heure de l’urgence climatique qui nous oblige ?
Les réponses ne se trouvent pas dans un vade-mecum envoyé aux collectivités pour mener à bien leurs politiques numériques, mais dans la recherche d’un dénominateur commun.
En ce sens, la régulation est un levier de la puissance publique pour empêcher les dérives et faire en sorte que le numérique soit autant une promesse qu’une exigence démocratique.
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