Un soir de novembre 2022, Portes de Versailles, à Paris. Le Salon des Maires bat son plein. Le micro en main, Marie-Noëlle Fleury, conseillère municipale déléguée aux grands événements sportifs à la ville de Chamonix-Mont-Blanc (Haute-Savoie), se pose sur la chaise haute et glisse : « Je vais vous raconter une histoire… » Une histoire un peu oubliée en ces temps de préparation olympique. « Qui se souvient que Chamonix a aussi accueilli les Jeux olympiques en 1924, la même année que Paris », lance-t-elle ?
Avant Paris même, précisément du 25 janvier au 5 février pour l’organisation de ce qui reste comme les premiers Jeux olympiques d’hiver. Lesquels, pour la petite histoire, ont ainsi été nommés de façon rétrospective par le Comité international olympique (CIO). Car à l’origine, il s’agissait d’une Semaine des Sports d’hiver, organisée sous le patronage du CIO. Un événement d’ampleur puisqu’il aurait rassemblé plus de 10 000 spectateurs « payants » – précision du Comité olympique sur son site internet.
Aigle chamoniard
À l’époque – comme Paris-2024 – Chamonix doit aussi livrer ses équipements olympiques. Trois, précisément et en un temps record puisque le contrat officiel pour l’organisation de ces Jeux est signé le 20 février 1923 entre le CIO, le Comité olympique français et la municipalité…
Au programme : un tremplin de saut à ski, une piste de bobsleigh et une patinoire pour les épreuves de curling, de patinage artistique, de patinage de vitesse et de hockey-sur-glace. Laquelle figure d’ailleurs sur l’affiche de cette VIIIe Olympiade : l’aire de glisse est survolée par un majestueux aigle de couleur marron, pinçant dans ses griffes, une branche de palmier et une couronne de victoire, nouées ensemble, par le drapeau français…
Aujourd’hui, il demeure quelques « fragments d’héritage matériel », précise Etienne Grillot, chargé de mission Grands évènements et montagne. « Le tremplin des Bossons existe toujours. Par ailleurs, il reste quelques virages en pierre sèche, de la piste de bobsleigh, sur ce qui est aujourd’hui un chemin qui serpente en forêt. »
En revanche, la patinoire – dont la superficie aurait été de 36 000 m² ! – n’est plus vraiment dans sa configuration olympique. Toutefois, « cet espace est vraiment devenu le centre sportif névralgique de la ville », poursuit le technicien. Un cœur d’ailleurs baptisé Parc olympique en 1984, par le président du CIO de l’époque, Juan Antonio Samaranch. Le Chamoniard parle également d’un héritage immatériel, à travers « un esprit, un savoir-faire en matière d’organisation de compétitions sportives internationales, en ski, en escalade, en trail ».
Estampilles olympiques
Courant 2023, Chamonix-Mont-Blanc va progressivement entrer dans une phase de valorisation des anciens sites olympiques mais aussi de célébrations diverses, à travers notamment un programme d’événements sportifs et culturels.
« Nous travaillons de concert avec Paris-2024, notamment leur département Héritage », conclut Etienne Grillot. La tournée des drapeaux fait d’ailleurs étape ici, le 3 février prochain. Et au printemps 2024, la ville devrait aussi accueillir le Relais de la flamme. Le pari n’était pas gagné : froissé par la forme employée par le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques (COJO), le conseil départemental de Haute-Savoie avait d’emblée mis sa « réponse en stand-by », glisse Nicolas Rubin, vice-président. « Puis nous avons échangé, avant de donner notre accord ». En 2024, le symbole olympique devrait donc bien passer par la ville-hôte des Jeux d’hiver 1924.
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